L’attribution du prix Nobel de la paix à Mohammed Yunus et à la Grameen Bank qu’il a fondée a été saluée par un concert d’éloges envers ce banquier pas comme les autres, qui s’est donné pour mission de prêter aux pauvres. Permettre aux populations du tiers monde les plus défavorisées d’accéder à une plus grande autonomie et ne plus tomber sous la coupe des usuriers constitue assurément un réel progrès.
Le microcrédit n’est pas pour autant la solution miracle aux problèmes de développement. Le Bangladesh, où la Grameen Bank et d’autres institutions de microcrédit sont particulièrement présentes, demeure aujour-d’hui un des pays les plus pauvres au monde. Le développement ne peut suivre uniquement une logique bottom-up, du bas vers le haut ; il suppose aussi qu’un Etat-développeur investisse massivement dans l’éducation et les infrastructures, garantisse la stabilité du cadre juridique et limite la corruption.