Face au dérèglement climatique et à l’impératif de transition vers l’économie verte, les valeurs mutualistes, qui ne datent pourtant pas d’hier, sont plus que jamais d’actualité. Dans un tel contexte, assiste-t-on à une crise majeure du capitalisme, en passe d’être remplacé par de nouveaux modèles accordant plus de place au collectif, au long terme et à l’environnement ? Mutualisme et capitalisme vont-ils au contraire continuer à coexister ? Nous en avons discuté avec Alban Gonord, directeur de l’Engagement de la Macif et Antoine Sire, directeur de l’Engagement d’entreprise de BNP Paribas.
Comment définiriez-vous le mutualisme ? En quoi se distingue-t-il du capitalisme ?
Alban Gonord
Le mutualisme est un modèle de coopération à bénéfices réciproques entre des êtres vivants qui se protègent les uns les autres : chacun doit tirer un équitable avantage de la relation. C’est l’image bien connue de la symbiose entre un poisson clown et une anémone de mer. En ce sens, le mutualisme est donc vieux comme le monde : dans un sens large, il y a mutualisme dès lors qu’il y a des êtres vivants (cellules, végétaux, animaux) qui interagissent avec solidarité et sans mettre en péril leur environnement.
Mais le mutualisme est aussi une forme juridique définie par la loi, avec des acteurs et des statuts bien spécifiques. Ce modèle constitue à cet égard une composante de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), qui représente entre 13 et 14% de l’emploi en France.