Mercredi 3 Juin, l’audition publique organisée par le Groupe Santé environnementale de l’Assemblée Nationale a permis de mettre publiquement en lumière la nature du débat sur le Bisphénol A entre la thèse défendue par l’industrie des plastiques, soutenue par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), et celle défendue par le Réseau Environnement Santé, via son porte-parole André Cicolella.
La position de l’AFSSA reproduisant celle de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) revient à mettre de côté 90 % des études scientifiques qui démontrent un impact sanitaire du Bisphénol A (BPA). Ces agences ne retiennent que les études menées par l’industrie, lesquelles concluent à une absence de risque. Cela pose un problème de déontologie de l’expertise, dont les conséquences sont gravissimes.
Cette norme européenne est en effet fixée à un niveau beaucoup trop élevé, puisqu’à ce niveau on constate, sur toutes les espèces animales, mais aussi sur des modèles cellulaires humains, des impacts permettant de suspecter le BPA d’être impliqué dans les grands problèmes de santé actuels : cancer du sein, cancer de la prostate, diabète de type 2 et obésité, atteinte de la reproduction, problèmes neuro-comportementaux, maladies cardio-vasculaires….
Ce constat est celui de la quasi-totalité des scientifiques ayant publié sur le BPA. Il est conforté par toutes les données scientifiques récentes. Parmi elles, celles publiées récemment dans la revue de référence Environmental Health Perspectives par l’équipe du Professeur Fénichel du CHU de Nice. Ces résultats ont été présentés lors de l’audition de mercredi. Ils montrent que le BPA stimule la croissance de cellules humaines de cancer du testicule et ce, à des doses très faibles, 200 à 200 000 fois plus faibles que la norme européenne.
Ce même mercredi la FDA (Food and Drug Administration), l’agence américaine en charge de la réglementation en matière d’alimentation, dont la direction a changé en mars dernier, a indiqué qu’elle allait réexaminer le dossier suite à la demande de plusieurs parlementaires.
La veille, le Sénat de la Californie a approuvé la décision d’interdiction du Bisphénol A dans les plastiques alimentaires suivant en cela la décision prise le mois dernier par l’Etat du Minnesota. En mai, la ville de Chicago a suivi l’exemple de la ville de Paris en arrêtant l’utilisation des biberons à base de BPA.
Le Réseau Environnement Santé se félicite du rôle constructif joué par les députés de tous bords politiques impliqués dans le Groupe Santé environnementale, en ayant permis ce premier débat public.
Le RES sera reçu mardi 9 Juin au cabinet de la Ministre de la Santé. Il demandera à cette occasion que la Ministre de la Santé réexamine sa position à la lumière de ces évènements récents.