La Commission Européenne a déclaré via son porte-parole Frédéric Vincent qu’elle s’engageait vers une interdiction des biberons au bisphénol (Interview au site FoodProductionDaily.com (1). Le RES se félicite de cette prise de position qui reconnaît l’existence d’un problème de toxicité liée à cette molécule et qui conforte la position votée par les parlementaires français en juin dernier. Mais cette mesure doit à l’évidence être complétée, car personne ne comprendrait que l’on se préoccupe de protéger les nourrissons nourris via un biberon au BPA, mais pas ceux qui sont nourris au sein maternel alors que le lait maternel est tout autant contaminé. C’est bien de se préoccuper de la contamination des nourrissons, mais comme cette contamination débute dès la gestation, l’enjeu est d’éliminer la contamination maternelle. Celle-ci passe par l’alimentation et provient en premier lieu, du revêtement intérieur des boîtes de conserve. C’est pourquoi le RES demande une interdiction du BPA dans les contenants alimentaires.
Une récente étude de l’INRA Toulouse a montré que la contamination pouvait aussi venir d’un contact avec la peau du papier thermique, lequel contient du BPA libre. Le risque est principalement pour les personnes exposées professionnellement, comme les caissières. C’est ce que confirme une étude américaine qui a observé que les caissières forment le groupe de femmes le plus imprégné en BPA. Des mesures de protection de ces femmes doivent être prises.
D’autres études continuent de confirmer régulièrement la toxicité du BPA. Une étude réalisée à Mexico trouve une corrélation entre imprégnation en BPA et le fait de donner naissance à un prématuré(2).
La prise de position de la Commission Européenne prend le contre-pied des récents rapports de l’Agence Européenne de Sécurité Sanitaire (EFSA). Bien que la littérature scientifique publiée sur la toxicité de cette molécule soit de plus en plus nombreuse et conclut dans 95 % des cas à un impact sanitaire, l’EFSA continue de ne rien trouver d’inquiétant et maintient sa Dose Journalière Admissible (DJA) à la valeur de 50 microgrammes par kilo et par jour (µg/kg/j).
Rappelons que la transformation précancéreuse des cellules mammaires est observée chez la souris lorsque celle-ci a été exposée pendant la gestation à une dose 2000 fois plus faible.
Le gouvernement français a su être en pointe en Europe. Conforté par la position de la Commission Européenne, il doit maintenant agir pour compléter de façon cohérente la réglementation.
(2) Bisphenol a exposure in Mexico City and risk of prematurity : a pilot nested case control study. Cantonwine D, Meeker JD, Hu H, Sánchez BN, Lamadrid-Figueroa H, Mercado-García A, Fortenberry GZ, Calafat AM, Téllez-Rojo MM. Environ Health. 2010 Oct 18 ;9:62