L’affaire Uber en est une preuve évidente : économie collaborative et économie coopérative ne sont pas synonymes. Elles ne doivent plus être confondues. L’économie collaborative, récente, est, selon Wikipedia, « une activité humaine qui vise à produire de la valeur en commun, en s’appuyant sur une organisation horizontale, rendue possible par les plates-formes Internet ; elle privilégie souvent l’usage sur la possession ».
Ici commence une forme de mystification : supprimer les intermédiaires ne veut pas dire mettre en commun la valeur créée. C’est l’inverse qui se produit : les plates-formes Internet sont souvent des entreprises à forme capitaliste qui accaparent une valeur financière créée (Airbnb introduite en Bourse pour 8 milliards de dollars) en partie grâce au fait qu’elles n’ont pas à investir dans les biens utilisés (voitures, appartements, etc.). Pire, ces firmes captent, s’approprient et concentrent des masses énormes de données, sur des systèmes d’information fermés et privés. Les usagers n’ont là aucun pouvoir sur la gouvernance ni retour sur les résultats économiques.
TRIBUNE de Hugues Sibille,président du Labo de l’économie sociale et solidaire (ESS)