Depuis le début de l’année, le prix TTC du carburant a augmenté de 13,4 %, atteignant depuis
plusieurs mois des niveaux historiques. Pendant que les consommateurs voient leur pouvoir d’achat
amputé par cette flambée des prix, les compagnies pétrolières démultiplient leurs profits. Le groupe
Total maintient ainsi en 2007 son rythme d’un milliard d’euros par mois de profits nets après impôts.
La première cause de cette surinflation est la croissance du prix du baril, qui a dépassé la barre des
90 dollars. Le prix du baril vient rémunérer les pays producteurs mais aussi les compagnies
pétrolières, dont les profits tirés de l’exploration-production ont plus que doublé en trois ans.
Il apparaît aussi une très forte croissance de la marge de raffinage qui s’est multipliée par trois depuis
2003. Dans la facture du consommateur, le prix payé pour les activités aval (raffinage et distribution) a
augmenté en quatre ans de 110 % pour l’essence et de 94 % pour le gazole.
Cette augmentation du prix aval échappe à la rationalité. En soi, raffiner un baril de pétrole, qu’il soit
coté à 30 ou à 90 dollars, présente le même coût et il est anormal que cette activité industrielle très
classique connaisse une telle croissance de son prix et de sa marge.
L’explication est simple : l’industrie du raffinage, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, rationne
ses quantités produites, ce qui permet d’accroître les profits réalisés sur cette activité.
En France et en Europe, les capacités de raffinage stagnent depuis 10 ans alors même que la très
forte demande mondiale a tendu le marché. Cette année, l’Institut français du pétrole écrivait sur ce
point que « cette inadéquation de l’outil de raffinage à la demande est la conséquence de nombreuses
années d’investissements réduits dans de nouvelles capacités ».
Plutôt que d’appeler à faire du vélo, la Ministre de l’économie, Christine Lagarde, doit donc demander
une mesure concrète aux pétroliers : augmenter les capacités de raffinage pour faire baisser le prix.
Elle doit aussi, dans la foulée du Grenelle, accroître de façon significative l’investissement dans les
leviers qui permettent aux ménages de diminuer leur consommation. Pour l’UFC-Que Choisir, il faut
lancer un plan Marshall pétrole qui investirait de 10 à 25 milliards dans les transports collectifs,
l’acquisition de moteurs économes, le fret ferroviaire et les énergies renouvelables.
Ce plan doit être financé par une affectation partielle des recettes fiscales de la TIPP et par une
contribution exceptionnelle de 5 milliards d’euros des compagnies pétrolières. Cette
contribution constituerait une mesure de rééquilibrage pour des groupes qui profitent très largement
du récent choc pétrolier sans réaliser les investissements attendus.