3 questions à Stéphane Junique, candidat à la présidence d’ESS France

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3 questions à Stéphane Junique, candidat à la présidence d'ESS France

ESS et Société : Vous avez déclaré votre candidature à la présidence d’ESS France. Quelle ambition avez-vous pour l’ESS dans les prochaines années ?

Stéphane Junique : Je crois profondément que notre pays vit un moment ESS et que les acteurs de ce modèle d’entreprendre peuvent inventer les solutions d’avenir pour répondre aux transformations de notre société.
Plus encore qu’hier, l’ESS a aujourd’hui vocation à s’affirmer avec force comme un pôle d’espérance et d’actions. Notre pays est en attente de transformations positives et à taille humaine, qui appellent des coopérations nouvelles dont nous sommes le cœur battant. L’ESS est à la fois une économie des solutions et un projet politique : elle est pragmatique quand elle offre des réponses aux besoins sociaux, et elle incarne aussi l’idéal d’une économie au service de la société.
Je suis candidat pour porter la voix de celles et ceux qui se mobilisent au nom de la citoyenneté, de l’écologie et des solidarités.
Je veux mettre mon profil à profit d’ESS France pour faire vivre un collectif et marquer des victoires, c’est le sens du projet que j’ai proposé après l’avoir élaboré avec de nombreux acteurs rencontrés lors de mes visites de terrain.
J’ai adressé un programme complet aux administrateurs d’ESS France. Je défends trois convictions :
La première, c’est que nous devons travailler sur une loi de programmation de l’ESS, dix ans après la loi de reconnaissance que Benoît Hamon (ancien ministre de l’ESS) a portée en 2014. L’objectif est de permettre aux acteurs de bénéficier des outils de financement afin de mieux accompagner les filières portées par l’ESS, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La possibilité de bénéficier d’un crédit d’impôt « innovation sociale », au même titre que le crédit d’impôt recherche, pourrait être inscrite dans le cadre de cette loi.
Ma seconde conviction, c’est la nécessité de conforter la coopération territoriale. Les emplois de l’ESS ne sont pas délocalisables : sa dynamique et son développement repose sur la vitalité des territoires. Je souhaite donc travailler sur la reconnaissance des chambres régionales de l’ESS (CRESS) en tant que chambres consulaires, comme le sont les CCI ou les chambres de l’artisanat.
La troisième conviction que je porterai, c’est l’affirmation d’une diplomatie de l’ESS. L’enjeu est de conforter ce modèle au niveau national, européen et international.

ESS et Société : Si vous êtes élus, que pourriez-vous proposer pour la prochaine campagne des présidentielles ? Une nouvelle loi ESS ?

Stéphane Junique : Nous porterons la revendication d’une loi de programmation permettant de fonder une véritable politique de l’ESS autour de cinq axes :
D’abord avec le renforcement des politiques locales d’ESS et le rappel de l’obligation d’élaboration de stratégies régionales d’ESS (impliquant les départements et les EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale) et concernant toutes les politiques publiques, pas seulement les SRDE2I (Schéma Régional de Développement Economique, d’Innovation et d’Internationalisation)), financement des CRESS, renforcement et pérennisation du soutien aux PTCE (Pôles Territoriaux de Coopération Economique)…
Cette loi doit aussi permettre la consolidation des dispositifs de soutien à l’ESS (diffusion et renforcement des SPASER, développement de la finance solidaire (collecte, thèse d’investissement, etc.), soutien aux monnaies locales...) mais aussi le développement des outils de financement. Par exemple, je pense qu’un mandat sur l’ESS doit être donné à BPI-France, les instruments de la CDC doivent être évalués et développés…
Le déploiement d’une stratégie d’innovation sociale en lien avec la planification écologique sera bien sûr intégré dans ce texte, ainsi que la mise en place d’un crédit d’impôt « innovation sociale » (au même titre que le crédit d’impôt recherche, création de fonds d’innovation sociale). Enfin, cette loi doit permettre la création d’un fonds de conversion des entreprises privées vers les modèles de l’ESS.

ESS et Société : Le Groupe VYV se porte bien et se développe. Pensez-vous qu’il y a une méthode "Junique" ? Que vous pourriez appliquer à ESS France ?

Stéphane Junique : En tant qu’animateur d’un groupe mutualiste de protection sociale aux sensibilités et métiers divers, mon mode de gouvernance a toujours consisté à fédérer sans soustraire, à mobiliser sans imposer.
Le mutualisme, c’est l’école du dialogue constructif, et j’y ai appris que ce dernier était une condition à toutes les transformations ambitieuses. Le mutualisme, c’est aussi une pratique de gouvernance qui repose sur le partage des responsabilités.

Ma gouvernance reposera donc sur deux principes cardinaux : Une équipe responsabilisée autour de thématiques et de la conduite de chantiers et le partage du porte-parolat pour augmenter notre audience médiatique, nationalement comme en région.
Je souhaite enfin qu’ESS France soit le Parlement de l’ESS et que nous consacrions notre énergie à travailler collectivement à des positionnements forts et mobilisateurs pour toute l’ESS. Ce sera un lieu ouvert à nos alliés de la société civile comme de l’entreprise pour mettre en débat et construire des stratégies communes, où les contributions des CRESS auront toute leur importance également.

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