Il n’y a rien de plus dangereux qu’un faux consensus : à écouter le bruit médiatique, le « monde d’après » tirera nécessairement toutes les conséquences de la crise globale que nous vivons ; il sera forcément plus résilient, plus solidaire, plus tourné vers le long terme et moins guidé par l’appât du gain. Évidemment, ce serait séduisant si l’Histoire ne nous apprenait pas au contraire que les crises ne conduisent que rarement à une prise de conscience des raisons qui l’ont générée, suivie d’actions visant à s’en prémunir.
La crise que nous vivons aujourd’hui, d’abord sanitaire puis devenue économique et sociale, présente tous les attributs d’une crise systémique qu’il faut savoir regarder pour ce qu’elle est : au-delà de son origine, ses mécanismes de diffusion et son amplification, les difficultés à la prévenir comme à l’endiguer, mais aussi ses conséquences en matière économique et sociale, en font une crise de modèle sans équivalent en temps de paix. Tous les mécanismes qui nous y ont conduit ont des décisions politiques pour cause. Frappant l’économie réelle et nos concitoyens directement, révélant et creusant les inégalités, fragilisant la démocratie, elle sera plus violente que la crise financière de 2008/2009.