Plus de moyens pour les travailleurs sociaux, moins pour les algorithmes ?

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Plus de moyens pour les travailleurs sociaux, moins pour les algorithmes ?

Toujours autant d’actualités à diffuser, je ne baisse pas de 9 actualités / jour [1] en rapport avec l’économie sociale et solidaire, que je tente la plus hétérogène possible. Mais j’ai réussi à absorber mon retard et les prochains congés de fin d’année devraient achever cette période de folie. Mais cela se traduit aussi par des records de visites, preuve que je ne travaille pas pour rien (Jusqu’à 4000 visiteurs par jour !).

Le titre exprime assez bien mon ressenti à la (re)lecture des articles postés depuis mardi. Le devant de la scène a été accaparée par la remise du rapport du Haut Conseil du travail social aux ministres concernés (Aurore Bergé et Olivier Dussopt en particulier). Ce livre était vert l’année dernière et faisait suite à la conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social du 18 février 2022, il est blanc cette année. L’année dernière, le gouvernement prenait acte des difficultés des métiers du lien et de l’accompagnement et était "pleinement engagé pour faire face à la crise d’attractivité qui touche les métiers du travail social". Cette année, "l’attractivité des métiers du travail social appelle des réponses fortes" et le gouvernement porte "des actions pour mieux protéger et mieux reconnaître les travailleurs sociaux, qui œuvrent à l’inclusion de tous dans notre modèle social". Au delà de mon cynisme de rigueur, le livre remis déploie "14 grandes recommandations qui sont présentées allant des conditions de travail et de l’attractivité des organisations, aux conditions d’attractivité des métiers dans les grandes transitions écologique, démographique et numérique sans oublier les pratiques et les approches professionnelles nécessaires face aux défis sociaux d’aujourd’hui ou encore les enjeux de la formation initiale et continue". Il est temps, il y a urgence absolue ! C’est ce que crie depuis longtemps l’UNIOPSS, mais aussi la CNAPE ou d’autres organisations du secteur. Des recommandations, des comités, des objectifs, des constats, mais maintenant, il faut appliquer tout cela.

Je parlais d’algorithme dans le titre, c’était en référence à un sujet qui avait déjà été abordé il y a quelques semaines, mais calmement, et qui resurgit cette semaine, celui du "tri" des plus pauvres, donc des "plus à risques de frauder" selon les directives de la CNAF. Et pour cela, on utiliserait un algorithme qui définirait un risque selon sa situation. ATD quart monde utilise régulièrement le terme de "pauvrophobie", on est en plein dedans. Les plus pauvres sont plus enclins à frauder, donc on doit les contrôler. Simple. Et c’est l’algorithme qui le dit, donc c’est vrai, c’est scientifique. C’est ce que dénonce ATD en s’appuyant sur le travail de la quadrature du net, défenseur infatigable des libertés liées au numérique (et de ses dérives). ATD parle de "maltraitance institutionnelle" et invite à ce que les CAF n’utilisent plus cette algorithme, tout en dédouanant les agents qui sont aussi "nombreux à dénoncer une politique du chiffre au détriment de l’humain"

Continuons à parler chiffres. ESS France appelle le gouvernement à porter le souhait sénatorial de doter l’ESS de moyens financiers supplémentaires. Vu la place du Sénat dans les orientations budgétaires, cela relativise, mais par contre, il est intéressant de voir que la chambre haute s’intéresse à l’ESS, au moins à travers 2 sénateurs. Les CRESS manquent de moyens. C’est indéniable, d’autant qu’on leur a chargé la barque avec la loi de 2014. Je l’ai déjà dit ici, la loi de 2014 disait "Les CRESS trouveront des moyens internes pour financer leur mission"... 9 après, on valide ce qu’on pressentait à l’époque. C’est compliqué. La loi de 2014 aurait du flécher les financements manquants, je l’ai dit à l’époque, je l’ai redit il y a peu ici, je le redis ici. Mais quand va t on m’embaucher comme conseiller ? ;-)

La proposition de loi pour « l’encadrement des marges de l’industrie agroalimentaire » a été étudiée par les députés. Elle aurait pu être prometteuse en permettant de rééquilibrer les prix pour les consommateurs et de sécuriser les revenus des producteurs. Elle a été rejetée. Mais Max Havelaar se félicite malgré tout de la discussion et du fait que le débat a pu permettre d’aborder certains "tabous" comme "celui de l’impossibilité de fixer un prix qui couvre les coûts de production". Comme le rappelle l’association qui s’appuie sur le principe même du commerce équitable : "sécuriser un prix minimum pour assurer une juste rémunération aux agriculteurs qui nourrissent les Français".

Bonne lecture,
Bonne fin de semaine.

Guillaume Chocteau

[1Normalement, je cale à 5

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