Dans le Monde Diplomatique du mois d’avril, Fanny Darbus et Matthieu Hély signent un article percutant sur les contradictions du monde associatif. En effet, les maîtres de conférences en sociologie à l’université de paris-Ouest-Nanterre-La Défense, font le point sur l’économie sociale et solidaire qui s’affiche comme une des tendances fortes sur le plan économique et sociétal. Et si, les cordonniers étaient les plus mal chaussés ?
L’article de Fanny Darbus et Matthieu Hély a de quoi interpeller. Face aux nouveaux habits éthiques que le capitalisme semble revêtir, les universitaires dépeignent une réalité sensiblement différente. Ces derniers reviennent sur les nouveaux « mantras » de l’ESS, qui repose sur l’idée de non-lucrativité et la mission d’intérêt collectif. « Travailler mieux ou autrement » ou « réconcilier le travail et le capital », c’est ce que (ré) clament les associations, entreprises mutualistes ou coopératives. Jusqu’à devenir de simples slogans ?
L’ESS peut mieux faire
Il faut dire que les conflits sociaux se sont multipliés dans le secteur de l’ESS comme le précisent les auteurs de l’article. Ils font ainsi référence à la grève des téléconseillers de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) en 2009 ainsi qu’à celle suivie par l’association Aide à domicile en milieu rural du Finistère (ADMR29). Ainsi « à quelques exceptions près, les conditions de travail et d’emploi dans l’ESS n’ont rien d’exemplaire. Quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, le salaire d’un travailleur du secteur est inférieur à ceux du privé. C’est particulièrement vrai dans le milieu associatif, principal employeur de l’ESS avec 78 % de ses salariés, soit un million huit cent mille personnes : le salaire y est inférieur de 17 % à celui observé dans le secteur marchand » précisent Fanny Darbus et Matthieu Hély sur la base des chiffres fournis par l’Insee. Et dans la pratique, le fonctionnement est loin d’assurer une protection suffisante, et ce en dépit des chartes et règlements intérieurs.