Timing parfait ! Le 6 novembre, Olivia Grégoire présentait ses orientations pour l’ESS (Demain ici !) et en parallèle, finalisait la nomination d’un délégué ministériel [1] à l’ESS. Maxime Baduel est donc le délégué ministériel. La différence avec un "interministériel" ? Son périmètre ne relève que du ministère d’Olivia Grégoire et il ne peut pas coordonner des dossiers transverses à différents ministères. C’est dommage pour l’ESS, car notre secteur aurait mérité cette transversalité pour mettre de l’huile dans les rouages entre les affaires sociales, le sport, et bien d’autres. Nous avons Maxime Baduel et au moins, il sait de quoi il parle, tant sur le plan salarié que bénévole, tant sur le plan théorique qu’opérationnel [2]. Bref, souhaitons la bienvenue à Maxime, espérons qu’il puisse réaliser les prouesses que tout le monde attend.
L’interministérialité pourrait avoir, par exemple, un avantage dans le dossier SNU, que la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel, Prisca Thevenot, vient de lancer à pleine vitesse. Doubler le nombre de jeunes, pour passer de 40000 à 80000, permettant "de s’engager très concrètement sur des sujets au cœur de leurs préoccupations, tout en faisant nation autour de valeurs et symboles de la République". Le harcèlement scolaire en fait il vraiment partie [3] ? Maxime Baduel pourrait par exemple, tracer la liste des associations s’engageant dans le dispositif SNU... Mais le travail sera rapide, vu l’hostilité portée depuis le début par cette idée.
On pourrait aussi penser que Maxime pourrait retisser les liens entre les organisations négociant la future Convention collective unique étendue (CCUE). L’UNIOPSS s’exprime sur l’échec "collectif" de la négociation portant sur l’ensemble du secteur social non lucratif et regrette l’impact que cela pourrait avoir sur les professionnels. Rappelons juste que les négociations sur la CCUE relève des partenaires sociaux et que si cela a bloqué, c’est que l’une ou l’autre des parties, voire les deux, ne s’y est pas retrouvée. Est ce regrettable pour les employeurs ou pour les salariés, je ne m’y aventurerais pas, mais par contre, il faut maintenir les esprits sur les publics en difficulté, et de plus en plus en difficulté, creusant l’écart entre les besoins et la capacité des financeurs à tenir des engagements dans un contexte d’emploi très compliqué.
Le 6 novembre était aussi le lancement officiel du mois de l’ESS. Tradition maintenant, le mois de novembre met en avant les initiatives des acteurs de l’ESS à travers une communication dédiée, portée par les CRESS. C’est aussi devenu le lancement du nouvel atlas de l’ESS, somme essentielle des chiffres et analyses sur l’évolution de notre secteur. D’ailleurs, je profite pour pousser un cri de colère. L’Atlas est devenu payant à l’achat malgré des partenaires de poids [4]. Et cher en plus ! Je sais par ailleurs que quand il était gratuit, il y avait du gâchis, mais pour autant, devait on le faire payer aussi cher [5] ? Si ESS France me lit ou une CRESS, je suis preneur d’un exemplaire, car je me base sur lui pour mes cours.
Lundi prochain (13 nov) se déroulera la semaine de la finance solidaire. De nombreuses manifestation auront lieu pour rapprocher l’argent des épargnants et les projets solidaires portés par des organisations de l’ESS. FAIR (Ex Finansol) et France Active ont fait réaliser un sondage sur les orientations d’épargne des Français et les résultats sont encourageants dans un contexte économique difficile : "1 Français sur 4 souhaite qu’il ait une finalité solidaire" et "46% des Français se disent prêts à se montrer patients et à investir sur des projets rentables à moyen ou long terme". Pas d’égoïsme ici, mais de l’altruisme et de la générosité, chapeauté par une envie de faire fructifier son argent de façon sécurisée. Cela tombe bien, c’est la promesse de l’épargne solidaire et on peut être épargnant solidaire de plein de façon [6]. Allez à la rencontre des acteurs !
Et pour finir, une pensée pour Charles Piaget, qui est décédé il y a peu (04/11). Il était l’une des figures historiques du mouvement social de l’entreprise LIP et un militant de l’autogestion, concept que l’ESS a tendance à oublier petit à petit.
Bonne lecture,
Bonne fin de semaine.
Guillaume Chocteau
[1] et non interministériel
[2] En plus, il a fait son école d’ingénieur dans ma ville, alors imaginez la fierté !
[3] De jeunes volontaires en service civique réalisent des missions en lien avec la prévention et la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire
[4] Ministère des Finances et de la souveraineté industrielle et numérique, la Banque des territoires, la Caisse d’Epargne, l’ADDES et Harmonie Mutuelle ESS
[5] Une contribution volontaire ajoutée à des "sponsors"
[6] de la plus volontaire à la plus "passive"