Hausse inexorable du prix du baril, réduction nécessaire des émissions de CO2, alors que débute la semaine européenne de la mobilité, le WWF rappelle que le système actuel a atteint ses limites et plaide pour la mise en oeuvre immédiate d’une politique de transports européenne réellement durable et innovante. L’ère du post-pétrole a commencé, les politiques d’aménagement du territoire se doivent maintenant de l’accompagner et d’offrir les solutions nécessaires pour permettre une autre mobilité à l’échelle de l’Union.
C’est historique, depuis le début de l’année, la hausse du prix du baril de pétrole s’est traduite par un fléchissement de la consommation (-10 % en France au mois de juin). Pour de nombreux ménages, le budget transport constitue l’un des premiers postes. Pour mémoire, le coût du transport équivaut maintenant à celui du logement pour la majeure partie des Francilliens de la Grande Couronne. Pesant fortement sur le pouvoir d’achat, les transports sont dans le même temps responsables de près de 30 % des émissions totales de CO2 en Europe. En résumé, « Surconsommer du pétrole participe à l’appauvrissement durable de la société : parce qu’il déséquilibre le climat, parce qu’il ampute notre pouvoir d’achat, parce qu’il plombe notre commerce extérieur », affirme Serge Orru, directeur-général du WWF-France.
Le tout bagnole, c’est dépassé.
Premier coupable, l’aménagement du territoire. Bâti sur l’illusion d’une ressource énergétique inépuisable, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse d’encourager la route, mode de transport le plus polluant et le plus vorace en énergie. C’est toute notre approche de la ville qui doit être revue, à travers notamment une reconstruction de la ville sur elle-même.
A l’ère d’un pétrole cher, l’éloignement toujours plus grand entre domicile, lieu de travail, commerces, etc., est devenu une ineptie socio-économique et écologique. Il faut impérativement diminuer les déplacements. Cela passera par :
un arrêt du zonage des différentes fonctions de la ville (grandes zones commerciales en périphérie, logements, bureaux) en réhabilitant la proximité.
un usage parcimonieux de l’espace avec un habitat plus compact mais aussi plus plaisant à vivre, où s’imposeront les alternatives à la voiture que sont les modes de déplacement doux comme les vélos et les transports en commun.
Pour l’industrie automobile, il faut changer ou périr.
Second coupable, les modèles d’automobile à la fois trop gourmands en carburants et émetteurs de CO2. Pour les trajets contraints que seule la voiture peut assurer, le WWF attend des constructeurs automobiles qu’ils fassent enfin preuve de responsabilités en mettant sur le marché des véhicules encore plus compacts, plus légers, et beaucoup moins consommateurs de carburant fossile. Ils se rapprocheront enfin du développement durable dont ils vantent actuellement les mérites à longueur de greenwashing publicitaire. A cet égard, l’objectif défendu par la Commission européenne de plafonner d’ici 2012 les émissions de gaz à effet de serre des véhicules particuliers à 120g de CO2 par kilomètre doit être maintenu malgré les pressions exercées sur le Parlement européen par le secteur automobile.
Le WWF soutient quant à lui, dans le cadre de la Présidence Française de l’Union Européenne, une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, tous secteurs économiques confondus. « Cet objectif de 30 % doit se décliner partout, et les transports sont particulièrement concernés », ajoute Serge Orru. « - 30 % de carburant dans les moteurs d’ici 2020 c’est possible et réaliste, et c’est gagnant à tous les niveaux : pour l’avenir climatique de notre planète, pour le pouvoir d’achat de nos concitoyens, pour la balance commerciale de notre pays, et bien sûr pour les constructeurs automobiles eux-mêmes, qui verront les ventes de leurs modèles les plus sobres exploser, tant la demande est et restera forte ».