Oxfam France – Agir ici lance une mobilisation internationale d’interpellation du gouvernement français
Alors que le gouvernement français entame cette semaine les débats autour des arbitrages budgétaires en matière d’aide publique au développement (APD) [1], le Rapport 2008 de l’Africa Progress Panel, publié aujourd’hui par onze personnalités (dont Kofi Annan, Tony Blair, Michel Camdessus…), nous rappelle cruellement que les promesses d’aide au développement faites par les pays du G8 sont rarement suivi d’effets.
Oxfam France – Agir ici appelle donc Nicolas Sarkozy à tenir les engagements internationaux de la France :
augmentation de l’APD : 0,56% du RNB d’ici à 2010 et 0,7% du RNB d’ici à 2015 ;
doublement de l’aide à l’Afrique d’ici à 2010 ;
et à présenter un calendrier clair d’augmentation annuelle de l’APD française pour atteindre les objectifs européens : 0,7% du RNB consacré à l’aide d’ici à 2015, avec un objectif intermédiaire de 0,56% d’ici à 2010.
« Les objectifs de la France pour atteindre les 0,7% du RNB consacré à l’aide publique au développement sont plus que jamais flous et aucun agenda clair pour y parvenir n’a été présenté. Et pour cause ! Pour la première fois depuis 2000, le montant de l’aide française au développement a chuté de façon considérable », rappelle Sébastien Fourmy, directeur du plaidoyer à Oxfam France – Agir ici.
Pour la première fois depuis 2000, l’APD française s’est effondré à 0,39% en 2007 : elle est passée de 10,60 milliards de dollars en 2006 à 9,94 milliards de dollars en 2007.
Pour rappel, Nicolas Sarkozy avait déjà enterré la promesse, faite en 2002 par Jacques Chirac, de consacrer 0,7% du RNB de la France à l’aide publique au développement d’ici à 2012, reportant l’échéance à 2015. [2]
Par ailleurs, lors du dernier G8, en juin 2007 en Allemagne, Nicolas Sarkozy annonçait 1 milliard d’euros pour la santé en Afrique, devant être versé avant le prochain G8. « Depuis un an, personne n’a aucune nouvelle de ce milliard. Nicolas Sarkozy a donc un mois pour rendre sa copie. », déclare Sébastien Fourmy.
A quelques semaines de la présidence française de l’Union européenne et du G8, Oxfam France - Agir ici coordonne une mobilisation internationale visant le gouvernement français pour que la France tienne ses engagements :
Dans les pays du Sud, des partenaires de la coalition Action mondiale contre la pauvreté envoient actuellement des courriers à Nicolas Sarkozy et prennent rendez-vous avec les ambassades de France dans leurs pays ;
Une lettre ouverte est envoyée à Nicolas Sarkozy, signée par de nombreuses personnalités africaines :
- => Emeritus Archbishop Desmond Tutu (Prix Nobel de la paix, ambassadeur pour Oxfam - Afrique du Sud) ;
- => Angelique Kidjo (auteur, compositeur et chanteuse, militante chez Oxfam – Bénin) ;
- => Kumi Naidoo (co-président de l’AMCP, secrétaire général de CIVICUS - Afrique du Sud) ;
- => Baaba Maal (auteur, chanteur, compositeur – Sénégal) ;
- => John Githongo (journaliste, militant anti-corruption en exil – Kenya) ;
- => Bineta Diop (directrice l’organisation panafricaine Femmes Afrique Solidarité – Sénégal)
« Au moment où la France s’apprête à prendre la tête de l’Union européenne, revenir sur les promesses de la France incitent clairement les autres nations à repousser ou à abandonner leurs propres engagements », ajoute Sébastien Fourmy. « Renoncer à l’objectif des 0,7% met en danger la vie de millions de personnes souffrant de la pauvreté en Afrique. Des promesses ont été faites, les chèques doivent être maintenant signés. »
A télécharger :
Nouveau rapport d’Oxfam International « Credibility Crunch – Food, Poverty and Climate change », proposant un agenda pour le G8 ;
Rapport 2008 de l’Africa Progress Panel.
[1] Les débats ont lieu à partir du mercredi 18 juin 2008 et concernent la programmation de l’APD française pour les 3 prochaines années. La proposition de budget sera soumise au Parlement début juillet 2008.
[2] Oxfam France - Agir ici a calculé que, par ce report de 3 ans, la France prive les pays en développement - et notamment l’Afrique - de 17 milliards de dollars d’aide promis pour atteindre les objectifs du millénaire. 17 milliards de dollars, c’est plus qu’il n’en faut pour financer l’éducation de base de tous les enfants des pays en développement pendant une année.