Entré officiellement en vigueur le 1er juin et mis en paiement à partir du 6 juin pour sa partie "socle", le revenu de solidarité active (RSA) succède à vingt années de RMI. Si les délais annoncés ont été tenus, les questions en suspens restent nombreuses, dans un contexte où l’emploi s’est profondément dégradé.
Le revenu de solidarité active, qui mobilise environ 1,5 milliard d’euros de crédits supplémentaires, soit un coût total de 9,8 milliards d’euros en régime de croisière, voit le jour dans des circonstances très éloignées de celles qui ont présidé à sa création. Ce changement de contexte, conséquence de la crise économique, conduit à un net changement de perception du RSA. Dès les premières réflexions sur sa création, le RSA comportait certes deux volets bien distincts : le RSA socle - centré sur l’insertion et qui regroupe les actuels bénéficiaires du RMI et de l’allocation de parent isolé (API) - et le RSA chapeau, qui s’adresse aux "travailleurs modestes", c’est-à-dire à des personnes en situation d’emploi à temps plein ou à temps partiel mais percevant de faibles rémunérations.
http://civilisations.revues.org/index2249.html
"Dans Punishing the Poor, je montre que l’ascension de l’état pénal aux états-Unis et dans les autres sociétés avancées au cours du dernier quart de siècle est une réponse à la montée de l’insécurité sociale, et non criminelle ; que les transformations de politiques sociales et pénales sont mutuellement imbriquées, le " workfare " restrictif et le " prisonfare " en expansion tendant à s’accoupler en un seul canevas organisationnel visant à discipliner les fractions précaires du prolétariat postindustriel ; et qu’un système carcéral diligent n’est pas un dévoiement du Léviathan néolibéral mais une de ses composantes à part entière".......
"Trois ruptures analytiques ont été nécessaires pour diagnostiquer l’invention d’un nouveau gouvernement de l’insécurité sociale mariant une politique assistantielle restrictive de mise au travail forcée (" workfare ") à une politique pénale expansive marquée par le déploiement élargi de la prison et de ses appendices (" prisonfare "), tel que je l’ai énoncé dans mon livre Punishing the Poor (Wacquant 2009a), et ainsi rendre compte du tournant punitif des politiques publiques pris par les états-Unis puis par les autres sociétés avancées engagées sur la voie de la dérégulation économique et de la réduction de la protection sociale dans les dernières décennies du 20e siècle1."