Après avoir aidé à grand renfort d’argent public les plus riches à acheter des logements pour leurs enfants, Sylvia Pinel, ministre du Logement et de la Défiscalisation, s’est félicitée sans rire devant le Parlement de voir son ministère doté d’un budget "réaliste et pragmatique" : "Réaliste, parce qu’en dépit de la grande diversité des situations, il parvient à dégager des solutions efficaces pour tous." Efficaces pour tous, peut-être mais on ne le saura que si la température de cet hiver descend en dessous de "-5°C ressenti". Si, si, vous avez bien lu ... -5°C et on invente rien, c’est sur France 3 : Les hébergements d’urgence n’ouvriront qu’à partir de -5°C, les associations en colère – société - France 3 Nord Pas-de-Calais. Et aussi dans la Croix du Nord : Le dispositif hivernal d’hébergement d’urgence remis en question.
En effet la circulaire DGS/DUS-BAE/2014/296 du 10 octobre 2014, envoyée la semaine passée aux préfectures indique que les places d’hébergement supplémentaires n’ouvriront qu’à partir de -5°C ressenti, alors que les ouvertures de places d’hébergement avaient lieu automatiquement les années précédentes dès le 1er novembre. Et encore ne s’agira-t-il que de centres d’hébergement d’urgence et de solutions de bric et de broc appelées à être supprimées au printemps.
Une circulaire qui vient contredire les discours officiels annonçant "la fin de la gestion au thermomètre", et méconnaît les réalités de la vie sans logement. Vivre à la rue c’est voir son espérance de vie amoindrie. La rue tue toute l’année, été comme hiver. Conditionner la mise en place d’hébergements aux basses températures relève donc d’une politique meurtrière.
Une réelle politique passerait plutôt par le soutien aux associations et la mise en oeuvre réelle du "logement d’abord" plutôt que d’ouvrir au petit bonheur la chance des structures précaires et inadaptées. Avant de publier de nouvelles instructions aussi scandaleuses, Sylvia Pinel devrait plutôt se charger de faire respecter la circulaire existante Duflot / Valls sur la non-expulsion des DALO ou celle sur le relogement des personnes "évacuées" des bidonvilles. François Hollande était justement à Lille ce week-end, mais il s’est contenté d’aller voir l’équipe de France de Tennis se faire battre par ses compatriotes suisses...