L’Assemblée nationale a voté aujourd’hui un projet de loi santé largement remanié. Depuis plusieurs mois, les militants de AIDES se mobilisent auprès des parlementaires et du gouvernement afin que l’expertise des malades renforce le droit à la santé de tous. De nombreuses avancées ont été obtenues, mais des pans entiers du projet de loi n’ont pas été traités avec l’ambition et la rigueur qu’ils méritent. Il revient maintenant au Sénat et au Ministère de la Santé d’y remédier.
Salles de consommation à moindres risques, tiers payant généralisé, levée de l’interdiction de soins funéraires pour les personnes vivant avec le VIH ou une hépatite, accès à la réduction des risques en prison, les mesures votées aujourd’hui sont à la fois nécessaires, urgentes et symboliques. AIDES les réclamait depuis longtemps et a travaillé à leur adoption à chaque étape de la construction de ce projet de loi. Des avancées plus discrètes, mais déterminantes pour lutter contre les inégalités sociales de santé, ont également été obtenues : l’ouverture aux mineurs du dépistage rapide, la validation de nouveaux outils de réduction des risques liés à l’usage de drogues, comme l’accompagnement à l’injection, et la sécurisation des intervenants qui auront à mettre en place ces nouveaux outils. Autre avancée majeure : le "droit à l’oubli" étendu aux personnes vivant avec le VIH ou une maladie chronique pour accéder à l’emprunt.
Ces avancées ont été votées grâce à la mobilisation des associations, mais aussi grâce à l’écoute de certains parlementaires et du gouvernement.
Un texte inabouti qui ne tient pas toutes ses promesses
"Les débats à l’Assemblée ont permis d’améliorer un texte imparfait en introduisant des mesures indispensables à la lutte contre le sida et les hépatites. Mais nous constatons toujours certaines résistances et il reste beaucoup à faire au Sénat" nuance Bruno Spire, président de AIDES. "Sur la fixation du prix des médicaments, malgré quelques avancées sur la transparence et la place des associations, le texte manque cruellement d’ambition. Quand un médicament innovant contre l’hépatite C coute 41 000 € pour 3 mois de cure, l’enjeu pour notre système de santé est considérable."
Refus de soins : provoquer le sursaut !
"Concernant les refus de soins, le projet de loi est aussi largement insuffisant", poursuit Bruno Spire. "Malgré nos alertes, nous constatons que l’électrochoc n’a pas eu lieu. AIDES sera donc bientôt en mesure de dévoiler ce que vivent au quotidien les personnes séropositives, et les stratégies pernicieuses mises en place par certains soignants pour les éloigner de leurs cabinets. Des situations intolérables qui, nous l’espérons, pousseront enfin les parlementaires à réagir."
AIDES reste plus que jamais mobilisée et fera rapidement de nouvelles propositions au gouvernement et aux sénateurs, afin de renforcer ce texte et conforter les avancées obtenues.