Edito du numéro de Février par Philippe Frémeaux
Face à un Nicolas Sarkozy qui s’efforce d’incarner la rupture, pour ne pas avoir à assumer l’héritage de Jacques Chirac, Dominique de Villepin veut être l’homme qui fait évoluer en douceur le modèle social français. Pourtant, c’est bien à une profonde rupture qu’on assiste aujourd’hui en matière de droit du travail : le contrat première embauche, annoncé le mois dernier, vient remettre en cause radicalement les protections attachées au contrat de travail en permettant aux entreprises de licencier durant deux ans sans motif et sans indemnité tout salarié embauché avant 26 ans.
Il y a certes un problème d’emploi des jeunes en France, qui frappe durement les moins qualifiés. L’idée du gouvernement est que les employeurs auront moins peur de les embaucher s’il leur est facile de les licencier. Le raisonnement est un peu court. Il est en effet très facile de licencier en France, surtout dans les PME. Dans les faits, la plupart des entreprises adaptent déjà sans difficulté leurs effectifs au niveau de la demande. Le problème est donc d’abord l’insuffisance de croissance.