Le 25 novembre 2005 disparaissait Pierre Seel, seul déporté français pour motif d’homosexualité à s’être publiquement exprimé sur son vécu et avoir lutté pour la reconnaissance de cette déportation.
Il y a un an déjà, Jean-Marie Bockel, Secrétaire d’État et Maire de Mulhouse, avait répondu favorablement à notre souhait de voir créer dans sa ville un lieu mémoriel consacré à Pierre Seel. En effet, c’est à Mulhouse que Pierre Seel grandit et que sa vie bascula lorsqu’il fut convoqué par la Gestapo le 3 mai 1941, prélude à son emprisonnement puis son internement au camp de Schirmeck-Vorbrück six mois durant.
Dans sa lettre, le Maire donnait son aval à la pose d’une plaque commémorative sur le bâtiment occupant aujourd’hui l’emplacement de l’ancienne pâtisserie Seel. Cet accord était néanmoins subordonné à l’acceptation par le propriétaire du lieu, les établissements C&A, et plus particulièrement la REDEVCO, filiale en charge du parc immobilier de la chaîne d’habillement.
Notre demande déposée en avril dernier a été rejetée de façon fort peu courtoise et nous sommes particulièrement déçus par le traitement réservé à cette requête : le groupe C&A n’a jamais jugé utile d’en accuser réception, le directeur de la REDEVCO n’ayant pas non plus daigné motiver son refus par écrit !
C&A, qui manque ainsi l’occasion de jouer un rôle pionnier dans la préservation mémorielle, s’est distingué négativement par cette attitude.
Notre projet mémoriel n’en est pas pour autant abandonné, bien au contraire.
Suite à ce refus, Jean-Marie Bockel nous a proposé une alternative. De concert avec les associations locales "Autre Regard" et "David et Jonathan", et en étroite collaboration avec l’équipe municipale, notre association est sur le point d’obtenir une solution de remplacement .
La plaque à Pierre Seel sera installée en façade d’un édifice municipal, en mémoire également des autres Mulhousiens anonymes ayant connu un sort similaire.
Une fois obtenues les dernières autorisations administratives, nous serons en mesure de procéder à l’inauguration de cette plaque au mois de mai 2010, autour d’une manifestation culturelle.
Quatre ans après la disparition de Pierre Seel, et presque deux ans après avoir obtenu qu’une rue de Toulouse porte son nom, l’association Les "Oublié(e)s" de la Mémoire poursuit le travail visant à inscrire dans le patrimoine civil la reconnaissance de la déportation pour motif d’homosexualité.
Nous aurons l’occasion de communiquer très prochainement sur un autre dossier en cours de réalisation dans cette quête : l’apposition d’une plaque commémorant l’ensemble des internés et déportés pour motif d’homosexualité sur le site de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof, également en Alsace.