Critique face à l’incurie des politiques, cet énarque, président d’Emmaüs, lutte sans relâche contre la pauvreté. Et propose des actions révolutionnaires.
On avait laissé Martin Hirsch en président d’Emmaüs. Ce qu’il est toujours. Mais le voilà de surcroît à la tête d’une Agence nouvelle des solidarités actives, association créée début 2006. Avec un maître mot : expérimenter ! L’énarque-normalien, ancien chef de cabinet de Bernard Kouchner, ancien directeur de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, ne supporte plus l’inertie des décideurs et la lourdeur bureaucratique face à un nouveau péril qui gangrène la société française : la montée des « travailleurs pauvres » (1), qui n’ont pas plus de revenus que les chômeurs et les RMistes. Avec eux, ils constituent une population de sept millions d’habitants, dont deux millions d’enfants, que notre système de protection sociale semble impuissant à remettre à flot. Alors Martin Hirsch et son nouveau comparse, Benoît Genuini, un grand patron qui a quitté la présidence d’Accenture pour le suivre dans cette aventure, ont décidé de changer de logique : à l’échelle d’une ville ou d’une région, ils montent de petits programmes expérimentaux appelés à s’étendre au niveau national, mais seulement s’ils ont fait la preuve de leur efficacité. Autant dire qu’à la tête de son « laboratoire du social », Martin Hirsch, 43 ans, propose une révolution.