Sidaction publie les résultats d’un sondage réalisé par Ifop-Bilendi auprès des jeunes âgés de 15 à 24 ans [1]. Le sentiment d’information des jeunes sur le VIH/sida se détériore à vitesse grand V, connaissances sur le VIH/sida, moyens de prévention et santé sexuelle, tous les indicateurs sont au rouge ! Dans ce contexte sanitaire marqué par le coronavirus, Sidaction appelle à rester vigilants face au VIH.
En 2020, 74% des jeunes s’estiment bien informés. « Plus de dix ans après le premier sondage commandé par Sidaction, c’est le chiffre le plus bas jamais atteint. Depuis 2009, le sentiment d’information des jeunes a drastiquement diminué » déplore Florence Thune, directrice générale de Sidaction. Seuls 15% des sondés assimilent par ailleurs le VIH à un virus, une baisse de 31 points en deux ans.
Depuis plusieurs années, un phénomène de minimisation des conséquences du VIH/sida s’observe. 21% des sondés estiment que les personnes vivant avec le VIH ne rencontrent pas de difficultés au quotidien, soit une augmentation de 7 points en un an. « Si cela reflète une réalité en termes d’accès à des traitements plus performants et avec moins d’effets secondaires, il n’en est rien sur le terrain des peurs irrationnelles qui demeurent vis-à-vis des personnes séropositives. Elles subissent de lourdes discriminations : vie privée, professionnelle, accès aux soins... Et ce, tout au long de leur vie car on ne guérit toujours pas du VIH/sida » explique Florence Thune.
Les idées reçues et les fausses informations liées au virus du sida persistent. 15% des personnes interrogées pensent que le virus du sida peut se transmettre en s’asseyant sur des toilettes publiques ou que la prise d’une pilule contraceptive d’urgence est efficace pour empêcher la transmission du VIH/sida. 29 % considèrent qu’il existe des médicaments pour guérir du sida, une augmentation de 6 points par rapport à 2019.
Alors que de nombreux acteurs rappellent depuis plusieurs années qu’une personne vivant avec le VIH ne peut plus transmettre le virus si elle bénéficie d’un traitement efficace, la part des personnes connaissant cette information baisse cette année, passant de 72% en 2019 à 60 % en 2020 !
Près d’une personne sur 3 (32%) des 15-24 ans considère avoir moins de risques que les autres d’être infectés, soit un chiffre en hausse de 10 points par rapport à 2009. « Ils souffrent du syndrome du super-héros : ils se sentent invincibles face au virus du sida. Cela peut s’expliquer par la raréfaction du VIH/sida dans l’espace médiatique et l’insuffisance de l’information auprès des jeunes. Cela pourrait s’aggraver avec l’omniprésence du coronavirus dans les médias actuellement. » déclare Frédéric Dabi directeur général adjoint de l’Ifop.
Unique bonne nouvelle dans ce tableau peu réjouissant : le dépistage commence à entrer dans les mœurs. 27% des 15-24 ans déclarent s’être fait dépister au cours de l’année, une évolution de 5 points en un an.
La période que nous vivons a changé les pratiques en matière de prévention. Dans ce contexte de déconfinement qui se poursuit et à l’approche de l’été, nous pourrions être tentés d’oublier de se protéger. « Il est essentiel de maintenir une vigilance accrue pour combattre désormais deux virus à la fois » conclut Florence Thune.
Les chiffres à retenir
26% des jeunes interrogés estiment être mal informés sur le VIH/sida, soit une augmentation alarmante de 15 points par rapport à 2009.
15% des sondés assimilent le VIH à un virus. C’est une diminution drastique de 31 points en deux ans.
29 % considèrent qu’il existe des médicaments pour guérir du sida, une augmentation de 6 points par rapport à 2019.
24 % des jeunes pensent que le VIH peut être transmis en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive.
15% estiment encore que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission de virus
93 % des jeunes pensent que le préservatif est efficace pour empêcher la transmission du VIH/sida (soit une perte de 5 points depuis 5 ans)
10% des jeunes de moins de 25 ans admettent avoir été exposés au moins une fois à un risque d’être contaminés par le VIH/sida (contre 8% en 2019)
Pourtant, 32% considèrent avoir moins de risques que les autres d’être contaminés, soit un chiffre en hausse de 10 points par rapport à 2009.
22% n’ont jamais bénéficié d’un enseignement ou d’un moment d’information spécifique sur le VIH au cours de leur scolarité, en constant augmentation depuis plus de 10 ans (+ 9 points par rapport à 2009).
73% des jeunes estiment que l’Éducation nationale n’en fait pas suffisamment en matière d’information sur le VIH/sida. (Hausse de 4 points par rapport à 2019)
[1] Sondage Ifop et Bilendi pour Sidaction réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 19 au 25 février 2020 auprès de 1003 personnes, représentatifs de la population française âgée de 15 à 24 ans.