43 202 signalements de disparitions de mineurs en France : qu’en est-il réellement ?

Publié le

43 202 signalements de disparitions de mineurs en France : qu'en est-il réellement ?

Plus de 43 000 mineurs seraient disparus en France. Depuis plusieurs jours, cette information est diffusée sur les médias et les réseaux sociaux en raison d’une interprétation erronée des chiffres diffusés chaque année par le 116 000 Enfants Disparus. Dans le contexte de la disparition de Lina, ces informations circulent rapidement et invitent le numéro d’urgence à apporter des précisions sur la réalité des disparitions de mineurs en France.

Le 25 mai dernier, à l’occasion de la publication de son rapport annuel, le numéro d’urgence indiquait que 43 202 signalements de disparitions de mineurs avaient été effectués auprès des services de police et de gendarmerie au cours de l’année 2022. Il s’agit bien de signalements donnant lieu à une inscription au Fichier des Personnes Recherchées (FPR) mais en aucun cas du nombre effectif de mineurs disparus : un mineur ayant fugué 5 fois au cours de l’année pourra donner lieu à 5 signalements.

Des chiffres recouvrant de multiples réalités

Parmi ces 43 202 signalements, on dénombre précisément :
- 41 518 signalements de fugues (96% du total)
- 1 140 signalements disparitions inquiétantes (2,8% du total)
- 544 signalements d’enlèvements parentaux (1.2% du total)

Ces signalements ne s’apparentent donc pas, sauf à de très rares exceptions, à des enlèvements criminels ou des situations durant lesquelles on ne retrouverait pas l’enfant. En effet, on estime qu’un tiers des fugueurs regagnent leur lieu d’habitation après quelques jours, un tiers d’entre eux en moins d’un mois, et un tiers pour lesquels l’absence peut durer davantage dans le temps mais dont la très grande majorité sont retrouvés.

Le 116 000 Enfants Disparus souhaite également préciser qu’il n’existe pas de chiffres officiels concernant le nombre effectif de mineurs ayant disparu au cours d’une année en France et le pourcentage de ceux ayant été retrouvés ou inversement.

Disparitions inquiétantes : de quoi parle-t-on ?

Le qualificatif de « disparition inquiétante » concernait plus de 1 000 signalements en 2022, il est important de préciser néanmoins que toute disparition de mineur est considérée comme inquiétante du point de vue de la loi.

Dans leur grande majorité, ces disparitions se rapportent à des fugues longues durant lesquels les liens avec l’enfant se distendent ou deviennent inexistants. Celles-ci peuvent alors être requalifiées en disparitions inquiétantes si l’on ne dispose plus d’informations suffisantes sur le lieu où se trouverait l’enfant ou son état de santé. Dans de plus rares cas, une disparition peut être qualifiée d’inquiétante dès son signalement s’il s’agit, par exemple, d’un enfant particulièrement jeune, souffrant d’un handicap, ayant exprimé des idées noires ou se trouvant en présence d’un tiers pouvant représenter un danger. Les cas d’enlèvements ou de situations criminelles restent, fort heureusement, très exceptionnels.

Des situations à ne pas minimiser

Durant une fugue, un mineur s’expose à de nombreux dangers : violences physiques, exploitation sexuelle, comportements à risques, addictions, délits... Ces risques deviennent plus prégnants encore lorsque le mineur fugue à de multiples reprises comme c’est le cas dans plus de 50% des dossiers traités par le 116 000 Enfants Disparus au cours de l’année précédente. Toute disparition d’un mineur, même pendant un laps court de temps, doit donc être considérée avec le plus grand sérieux.

Il est essentiel de pouvoir identifier les causes de la fugue pour pouvoir accompagner au mieux le jeune et sa famille afin de prévenir de nouveaux épisodes. En ce sens, le 116 000 Enfants Disparus apporte un soutien psychologique, juridique et éducatif à toutes les familles victimes de disparitions d’enfant jusqu’au retour de ce dernier et parfois au-delà lorsque la situation le nécessite. Cet accompagnement est essentiel tant pour soutenir la famille durant l’absence que pour préparer au mieux le retour de l’enfant. Dans le cas d’enlèvements parentaux, la cellule de suivi apporte également un soutien juridique précieux aux parents confrontés à des procédures souvent longues et coûteuses. Ce numéro d’urgence européen, coordonné en France par la Fondation Droit d’Enfance, est ouvert 24h/24 et 7j/7.

Autres articles dans cette rubrique

35 ans après l’adoption de la CIDE : Le risque d’un recul pour les droits de l’enfant

Cette année 2024 marque le 35ème anniversaire de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (CIDE) et le centenaire de la Déclaration de Genève sur les droits de l’enfant. Cependant,...

close