Promouvoir les « finances éthiques et solidaires » : la formule, reprise de façon croissante aujourd’hui, a de quoi surprendre dans un monde économique dominé par la logique purement financière des grands groupes « nous sommes tous des Michelin » et les comportements sans concession des fonds de pension américains. Pour autant, la formule n’est pas neuve, ni même spécifique à un seul pays.
Un combat sans fin mené de l’intérieur
Aux États-Unis, on peut faire remonter les finances éthiques au début du siècle, du temps où les Anabaptistes et les Quakers veillaient personnellement à ne pas détenir d’actions dans les secteurs de l’alcool et des armes. Le qualificatif « éthique » n’avait pas cependant tout à fait le sens qu’on lui prête aujourd’hui. En 1928, l’un des tout premiers fonds de placement créés (le Pioneer Fund de Boston) proposait de répondre aux préoccupations morales des communautés religieuses qui refusaient, hors le rendement financier, de détenir un portefeuille de titres (actions, obligations…) qui avait trait au tabac, aux jeux et autres loteries ainsi qu’à la pornographie. Il faudra attendre la fin des années 60, pour que les finances éthiques sortent de leur univers puritain, pour embrasser des questions ouvertement politiques comme la libération de la femme, les droits des minorités, l’écologie. En 1970, l’avocat Ralph Nader soumit à l’assemblée générale des actionnaires de General Motors une série de résolutions (dans son Project for Corporate Responsability) relatives à la protection des droits des minorités, des ouvriers et des consommateurs.