Ces États Généraux de l’Économie Sociale et Solidaire ont été une réussite du point de vue de la préparation, de la fréquentation et des débats du vendredi soir et du samedi : « Beaucoup de monde et des salles insuffisantes pour les conférences qui étaient intéressantes et qui faisaient bien le point sur les forces actuelles de l’ESS ». (Alain C., CIGALES)
Mais néanmoins il y a quelques critiques qui font jour : « On était dans « l’entre-soi » et le ton général était donné par les représentants des « poids lourds de l’ESS ». Où étaient les acteurs de base ? Ils n’étaient que trop peu invités à prendre la parole ! Et les débats gênants sur l’évolution de l’ESS par rapport à la vogue actuelle et ambigüe du social business n’a pas été discutée au fond. Les organisateurs avaient-ils peur de faire ressortir des affrontements au sein de la « famille » ESS ? ». (Alain C., CIGALES).
Atelier CIGALES-Garrigue
Le dimanche après-midi, nous tenions un stand pour présenter les CIGALES et Garrigue. Dans cette même salle se déroulaient de petits ateliers, là aussi quelques critiques apparaissent : « [J’ai participé à] un atelier dans une salle avec des stands, sans micro pour se faire entendre, avec une assistance très limitée, dans une pièce à l’étage où beaucoup de visiteurs ne sont sans doute pas passés... 2 ou 3 vagues contacts très préliminaires pour cet atelier ». (Laurent P., Garrigue)
Etats généraux de l’Economie sociale et solidaire : Un bilan en noir et blanc
Coté blanc
Les Etats généraux de l’Economie sociale et solidaire vont se réunir du 17 au 19 juin au Palais Brongniart.
Un symbole : une " occupation " pacifique mais indignée, revendicative de transformation du système économique, et porteuse de propositions.
Ces Etats généraux initiés par Le Labo de l’ESS et son animateur Claude Alphandéry sont l’aboutissement d’un processus d’échanges et de travail en commun entre des acteurs de l’ESS. L’évènement a été lancé par une assemblée de plusieurs centaines d’acteurs de l’ESS, d’élus et cadres territoriaux. Dix groupes de travail nationaux et des dizaines de groupes locaux sur des thèmes économiques et sociaux liés aux activités de l’économie sociale et solidaire se sont réunis régulièrement depuis près de 6 mois, pour recueillir environ 300 " cahiers d’espérance " rédigés par des citoyennes et citoyens, des acteurs et structures nationales, régionales et locales dans et hors de l’ESS.
Ces rencontres, ce travail en commun ont permis des croisements de pensées, de propositions entre des acteurs pas forcément tous habitués à se rencontrer. Nul doute que cela aura des prolongements dans des échanges futurs, et permettra notamment d’enrichir les actions et les expériences que toutes ces organisations, ces bénévoles de la solidarité s’efforcent de développer malgré les difficultés liées aux crises et aux freins mis par le système capitaliste contre tout ce qui est coopératif et mutualiste.
Constatons enfin que cette initiative a enthousiasmé de nombreux jeunes, à la recherche de sens dans leur vie, et qui sont nombreux à travailler ou vouloir travailler au sein de l’économie sociale.
Coté noir
Il n’est pas possible d’évoquer ces Etats généraux sans évoquer un certain nombre d’interrogations sur leur efficacité, liée à la faà§on dont ils ont été orchestrés.
A la tête des Etats généraux, un " copil ", comité de pilotage pour moitié autoproclamé lors de la première assemblée, et pour moitié coopté par les pilotes originels.
Les dirigeants et experts de l’Economie sociale composant ce comité de pilotage ont peu ou pas été témoins de ce que nous avons vécu dans les très nombreuses réunions et initiatives de groupes de base locaux, et ont eu bien du mal à tenir compte de leurs suggestions et propositions pour l’organisation des trois jours du Palais Brongniart et la synthèse des cahiers d’espérance. Comme si l’aboutissement du travail était déjà programmé au départ. Une faà§on bien peu démocratique pour des Etats généraux, et pas vraiment révolutionnaire. Ceci a contribué à un certain découragement au sein des groupes de travail et à un absentéisme de plus en plus pesant.
N’aurait-il pas fallu plus de transparence et de participation de tous les acteurs dans les prises de décisions ?
Par ailleurs l’insistance à faire des Etats généraux un instrument des présidentielles et non un outil de revendications et de propositions à plus long terme que cette échéance politique a également écarté des syndicalistes et des acteurs représentants des organismes ne souhaitant pas s’engager directement politiquement.
Exclure 50 millions de sociétaires mutualistes pourquoi ?
L’absence quasi-totale des " grands " organismes mutualistes et coopératifs que sont les mutuelles d’assurance et les banques de l’économie sociale pose question (1) : Ont-ils été invités ? N’ont-ils pas souhaité participer ?
Seul le Crédit coopératif a participé activement, la Macif et la Maif ont contribué aux cahiers de l’espérance, absence totale du crédit Mutuel, de la Caisse d’Epargne et de la Banque Populaire, du Crédit Agricole, de Groupama, de la Mgen, GMF, MMA… Ce sont plus de 50 millions de sociétaires et mutualistes qui ont été de fait écartés de nos travaux. Il aurait été efficace de pouvoir leur poser des questions en direct, d’entendre les raisons pour lesquelles ils s’écartent des valeurs de l’économie sociale et solidaire et commencer la recherche de points communs. De leur demander de mieux contribuer à faire connaitre les valeurs, pratiques, objectifs de solidarité de l’ESS. Ils auraient pu participer au croisement de propositions pour défendre l’économie sociale et la développer.
Sans eux, l’économie sociale et solidaire ne représente plus que 3 ou 4%.du PIB de la France au lieu de 10% .
Pourquoi et qui a pris le risque de marginaliser ainsi l’Economie sociale et solidaire pour une manifestation qui se veut grand public ?
Il est certain que l’économie sociale et solidaire tire son efficacité, sa valeur, du dynamisme, du dévouement de toutes les associations, entreprises, coopératives et mutuelles qui veulent mettre de la solidarité et de l’équité dans l’action économique. Mais sans ces grands organismes, l’ESS peut craindre d’être encore moins entendue.
Les groupes de travail ont constaté des exigences des acteurs de l’ESS non seulement à l’égard de la puissance publique et des acteurs de la finance, mais aussi à l’égard d’eux-mêmes et notamment des banques et assurances de l’économie sociale.
La synthèse des cahiers consacrés à la finance indique " Aujourd’hui le manque de transparence sur l’utilisation de mon propre argent par les banques, le manque de démocratie dans les établissements bancaires, et notamment pour ceux qui relèvent du droit coopératif, n’est plus acceptable. L’opacité et l’absence de démocratie dans le système bancaire risque de plonger nos territoires dans des catastrophes sociales et écologiques…. "
Ne faut-il pas que ces Etats généraux débouchent sur un travail approfondi sur les moyens de sortir de ce constat pour aller vers un système véritablement alternatif avec en son cÅ“ur une économie sociale et solidaire remise sur pieds et développée ?
(1) Les organisateurs des trois jours, interrogés plusieurs fois par Ap2E sur quand, qui et par qui ont été invités à participer aux Etats Généraux de l’ESS les responsables de la bancassurance relevant du statut de l’ESS, ont à chaque fois refusé de répondre se murant dans un silence assourdissant.
Ap2E a commencé à interroger à ce sujet les responsables de la bancassurance conformément à son premier principe :
"Mettre en lien ceux qui ne l’ont jamais été naturellement auparavant et les rassembler sur des points communs permettant un large consensus pour agir ensemble, dans le respect de la diversité des engagements politiques, religieux, syndicaux, associatifs de chacun engagements politiques, religieux, syndicaux, associatifs de chacun "