Motos trafiquées pour faciliter l’examen. Enseignement théorique inexistant. Apprentissage de la circulation réduit au trajet moto-école/piste de formation. Bachotage de l’épreuve de plateau. Contrôles pédagogiques de l’enseignement bidon. Boîtes à permis miracle… Dévoilé dans le dossier de ce Passion, le tableau de la formation moto en France est surréaliste. Mais idyllique aussi pour les candidats au permis qui – forcément dans ce contexte des plus laxistes – le décrochent facilement : 80 % de réussite en moyenne à chaque session !
Une formation à la conduite moto qui privilégie le dressage vite fait mal fait aux dépens d’un apprentissage de qualité décrédibilise « le meilleur examen du monde ». Mais il s’agit là du moindre mal, car elle fabrique surtout des motards à peine capables de conduire un gros cube. Résultat, c’est eux qui en paient les pots cassés à très court terme : 30 % des motards tués dans la capitale en 2003 avaient leur permis depuis moins d’un mois ; 60 % depuis moins d’un an.
« Mis en présence d’une difficulté, l’esprit peut toujours trouver une solution dans l’absurde », disait le pape du surréalisme André Breton dans son Anthologie de l’humour noir. En matière de formation à la conduite moto, conjuguer absurde et inefficience, c’est noir noir et totalement dénué d’humour : c’est une mise en danger de la vie d’autrui.