Pierre Micheletti, 57 ans, est médecin, universitaire et écrivain. Spécialiste des questions humanitaires, il travaille depuis près de trente ans dans ce domaine (président de Médecins du monde de 2006 à 2009, actuel vice-président d’Action contre la faim) et a publié de nombreux ouvrages sur le sujet. Il enseigne aussi à Sciences-Po Grenoble. Il explique les enjeux du premier Sommet mondial sur l’action humanitaire organisé lundi 23 et mardi 24 mai, à Istanbul.
Le premier Sommet mondial sur l’action humanitaire se tient à Istanbul, en Turquie, un pays en guerre civile dans le sud de son territoire et qui vient de signer un accord avec l’Union européenne sur les réfugiés syriens. Ce choix n’est-il pas problématique ?
Les conditions actuelles ne sont pas celles qui prévalaient quand [le secrétaire général de l’ONU] Ban Ki-moon a proposé ce sommet. En dehors de ces aspects politiques, le choix de se réunir à Istanbul revêt une forte dimension symbolique. Cela vient rappeler que la première des solidarités humanitaires est toujours celle des pays limitrophes de ceux où se déroulent les crises. On le voit avec la Jordanie, le Liban et la Turquie, où les volumes de populations accueillies sont sans commune mesure avec ceux qu’on a en Europe.