Enjeu politique sensible, la distribution de la presse en France était jusqu’alors régie par la loi Bichet du 2 avril 1947, selon un modèle coopératif unique au monde qui permet à chaque quotidien ou périodique, quelle que soit l’importance de son tirage ou sa ligne idéologique, d’être présent dans les points de vente sur tout le territoire, à égalité de traitement, en étant groupé avec les autres titres et acheminé en temps et en heure vers les points de diffusion. Au printemps 2019, un projet de réforme – combattu par le syndicat du Livre CGT – a été déposé par le ministre de la Culture, Franck Riester, au motif que la loi Bichet « n’apparaît plus aujourd’hui adaptée aux enjeux d’un secteur profondément bouleversé par les évolutions numériques (Communiqué de presse du Conseil des ministres, 10 avril 2019.) ».
Soutenue par la majorité LREM-MoDem ainsi que les groupes LR et UDI-Agir, la loi « relative à la modernisation de la distribution de la presse » a finalement été votée le 18 octobre 2019. Les communistes et les Insoumis ont voté contre, tandis que les socialistes se sont abstenus. Le texte garantit bien la liberté de diffusion et le statut coopératif obligatoire, mais les sociétés qui assurent la distribution ne sont plus tenues d’avoir un capital majoritairement détenu par les coopératives d’éditeurs.
Par ailleurs, le marché de la distribution de la presse sera ouvert à la concurrence au plus tard le 1 er janvier 2023. Dès lors, qu’adviendra-t-il du système coopératif ?