"Marché de dupe", "arnaque", "opération politique antidémocratique", "cosmétique", "gadget" : les partisans de la décroissance se sont retrouvés à Lyon, samedi 6 octobre, pour dénoncer le Grenelle de l’environnement.
Selon Paul Ariès, économiste à l’université Lyon-II, et l’un des organisateurs de ce contre-sommet qui a réuni plus de 700 participants, le Grenelle ne serait qu’une "tentative d’OPA inamicale de la droite et des milieux d’affaires sur l’écologie". Pourquoi un tel postulat ? "Parce que le "travailler plus pour consommer plus" de Nicolas Sarkozy ne peut qu’entraîner l’amplification de la crise écologique", a affirmé Vincent Cheynet, rédacteur en chef du mensuel La Décroissance.
Altermondialistes, antinucléaires, écologistes ou agriculteurs, les intervenants ont pris pour cible Nicolas Sarkozy, qualifié de représentant de "la démission du politique devant les forces financières", de "VRP d’Areva" ou de "missionnaire des intérêts privés". Pour les participants, le chef de l’Etat ne poursuit qu’un objectif : définir une écologie compatible avec le capitalisme, afin de donner à celui-ci un second souffle.
L’assistance s’en est prise également à Nicolas Hulot, "le pilote d’hélico de TF1", et à Yann Arthus-Bertrand, "l’ancien photographe du Paris-Dakar", rebaptisés "les deux éco-tartufes de la jet-set mondiale". "Tous les industriels sont chez Hulot, car ils savent qu’ils ne prennent pas de risque. M. Hulot propose de repeindre le capitalisme en vert", a ironisé Sophie Divry, journaliste à La Décroissance. Dominique Voynet, des Verts, n’a pas non plus été épargnée, se voyant qualifier de "caniche de Borloo".
" REPOLITISER L’ÉCOLOGIE "
Les participants au contre-Grenelle ont proposé de "repolitiser l’écologie" à l’aide d’un projet d’alternative au capitalisme, prévoyant un moratoire immédiat sur le nucléaire, les OGM, les autoroutes, les incinérateurs, les biocarburants et les nanotechnologies. A la croissance, ils opposent la décroissance, à la "gloutonnerie" la "sobriété".
Ils exigent moins de publicité, moins de grosses cylindrées, de courses automobiles, de voyages scolaires lointains, d’éclairage public intempestif, de TGV, et réclament un "droit de vivre". Au "travailler plus", ils opposent les 32 heures en quatre jours, ainsi que l’interdiction du travail le dimanche et du travail nocturne dans les grandes surfaces.
Ils proposent enfin l’instauration d’un "revenu universel inconditionnel" qui serait versé tout au long de la vie de l’individu, couplé à l’instauration d’un "revenu maximum autorisé". Une mesure qui serait, selon Paul Ariès, de nature à rassembler syndicats et associations et à lancer "un processus démocratique et rebelle en faveur de l’écologie".