Le commerce des munitions dénoncé dans un nouveau rapport d’Oxfam

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Le commerce des munitions dénoncé dans un nouveau rapport d'Oxfam

Ce nouveau rapport sur le commerce des munitions montre que toute une
variété de nouvelles munitions est largement disponible sur le marché
noir de Bagdad. Près de 14 milliards de balles sont fabriquées dans le monde chaque année. Pourtant, il n’existe aucun document sérieux précisant comment elles sont utilisées et à qui elles peuvent être vendues.

Le rapport « Munitions : la source du conflit » publié par Oxfam
International démontre que plusieurs gros producteurs de munitions,
notamment la Chine, l’Egypte, l’Iran, le Brésil, la Roumanie et Israël
ne fournissent aucune données sur leurs exportations de munitions,
exceptés les chiffres relatifs aux cartouches de fusils de chasse.

Chaque année, l’absence de contrôle implique que des millions de balles
aboutissent dans des zones de conflits et tombent entre les mains des
criminels violant les droits humains. Le rapport explique également
comment des munitions illégales ont inondé des pays en situation de
conflit comme la Somalie, la Sierra Leone et le Libéria ces cinq
dernières années.

Au moins 76 pays fabriquent des munitions. Ce chiffre est en
augmentation puisque de plus en plus de pays acquièrent des équipements
permettant de produire des balles. Le Kenya et la Turquie sont ainsi
tous deux devenus producteurs durant la dernière décennie. Dans le
monde, ce sont 33 millions de balles qui sont fabriquées chaque jour !

"Cette étude montre que de nouvelles munitions sont largement
disponibles sur le marché noir de Bagdad. Deux explications possibles à
cela : soit c’est le fruit de contrebandes depuis les pays voisins, soit il s’agit de fuite de matériels issus de la coalition ou des forces Irakiennes. Dans tous les cas, le manque de contrôle signifie chaque jour la perte de vies humaines dans les rues de Bagdad" explique
Caroline Maurel, chargée de campagne pour Agir ici-membre observateur
d’Oxfam International.

Le rapport inclut en effet une enquête menée en mai 2006 sur le marché
noir de Bagdad. Il a ainsi été découvert que :
- De nouvelles munitions de haute qualité sont largement disponibles à
Bagdad, contrairement aux premières années du conflit où l’on pensait
que les munitions provenaient d’anciens stocks irakiens.
- Des balles fabriquées entre 1999 et 2004 dans des usines de République
Tchèque, Serbie, Roumanie et Russie ont été découvertes sur le marché de
Bagdad.
- Ces nouveaux stocks de munitions sont soit le fruit de contrebandes
depuis les pays voisins, soit le résultat de fuites parmi les immenses
colis importés par les forces de la coalition pour équiper les nouvelles
forces de sécurité irakiennes. Il est probable que ces deux types de cas
se produisent.
- Le coût moyen d’une balle de AK-47 sur le marché noir est de 20
centimes d’euro. La plupart des victimes par balles sont en moyenne
tuées par 4 à 12 balles : le coût de l’élimination d’une vie humaine à
Bagdad s’élève actuellement à 2 euros.

Il contient également des informations concernant l’immense réserve
d’anciennes munitions en Europe de l’Est.
- Il est estimé qu’à elle seule, l’Ukraine possède un stock de 2,5
millions de tonnes de munitions, dont plusieurs centaines de millions
pour armes légères.
- Des courtiers peu scrupuleux, qui achètent ces balles et les vendent
dans les zones de conflit, sont en train de faire d’énormes profits.
Dans certains cas, la marge de profit d’un courtier peut être de 500%.
- La durée de vie des balles est d’au moins 20 ans, davantage si elles
sont correctement stockées.

Enfin, selon le rapport, les munitions jouent un rôle clé en alimentant
les conflits armés. En République centrafricaine, les combattants sont
célèbres pour avoir jeté des armes parce qu’ils ne pouvaient pas acheter
les balles qui convenaient. Néanmoins, les balles sont souvent oubliées
des règles de contrôle du commerce des armes.

"Si vous n’êtes pas convaincus du pouvoir dévastateur qu’une cargaison
de munitions peut avoir, repensez à Monrovia, la capitale du Libéria,
pendant la guerre civile en 2003. Fin juin 2003, les forces armées ont
manqué de balles et ont dû se retirer. Mais dès qu’une nouvelle
cargaison est arrivée, elles ont à nouveau attaqué, avec férocité, tuant
de nombreux innocents. Lors de la conférence des Nations unies sur le
commerce des armes légères, les gouvernements doivent se mettre d’accord
sur de nouvelles règles internationales réglementant le commerce des
armes légères et des munitions" complète Caroline Maurel.

La conférence des Nations Unies sur les armes légères débute le 26 juin
2006 à New York.

Les caisses contenant les balles sont souvent laissées sur la scène des
crimes et des massacres. Le rapport allègue que si ces caisses de
munitions étaient correctement identifiées, cela permettrait
certainement de conduire beaucoup plus de personnes responsables de
crimes ou de violations de droits humains devant la justice.
Aujourd’hui, les marquages permettent uniquement d’identifier le
fabriquant de ces balles.

Pour plus d’informations ou recevoir une copie du rapport, contactez Laetitia Guidi.

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