Le Gisti et le travail social

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Le Gisti et le travail social

Connu essentiellement comme une association « de juristes », en tout cas comme une association qui s’occupe de Droit, qui défend les droits des étrangers, le Gisti entretient avec les acteurs, les institutions et l’ensemble du monde du travail social des relations aussi riches que complexes, et non exemptes d’un certain malaise.

Qui connaît le Gisti n’a pu manquer de lire cette phrase qui a longtemps ouvert toutes ses publications et figure encore en tête des guides : « Le Gisti est né en 1972 de la rencontre entre des travailleurs sociaux, en contact régulier avec les immigrés en France, et des juristes n’ayant pas la même expérience pratique mais apportant leur compétence propre. Cette double approche, à la fois concrète et juridique, fait la principale originalité du groupe. »

De temps à autre, lors d’une réunion, l’un ou l’autre des membres commence « Le Gisti est né de la rencontre… ». Il n’a pas besoin d’aller plus loin ; immanquablement tout le monde sourit mais complète la récitation intérieurement et la phrase résonne comme un rappel de la loi originelle. Quelque chose comme : ne pas s’éloigner du « terrain » , ne pas faire du droit pour faire du droit mais se servir du droit comme une arme. Cette rencontre, à l’origine du Gisti, entre travailleurs sociaux et juristes, a un sens politique.

Quid de la pratique au quotidien ? Quelles relations le Gisti de 2006 entretient-il avec le monde du travail social ? Et pourquoi décide-t-il, cette année, de consacrer deux numéros de sa revue, Plein droit, au travail social ?

En réalité, toutes les activités régulières du Gisti ou presque touchent de fait des travailleurs sociaux.

– Les sessions de formation en droit des étrangers, qu’il s’agisse de stages « en inter » ou « en intra », accueillent pour une part importante des assistants de service social ou des éducateurs issus de collectivités territoriales (conseils généraux, mairies, centres communaux d’action sociale, services de l’aide sociale à l’enfance, …), du milieu hospitalier, de l’administration pénitentiaire ou du secteur associatif, spécialisé ou non, dans l’intervention sociale auprès de migrants.

– La gamme des publications a été voulue – justement pour s’adresser à des juristes comme à des non-juristes – de niveaux d’accès divers, allant de documents très complets sur tel ou tel aspect de la réglementation, destinés à un public de spécialistes, à une série de « notes pratiques », d’un abord plus facile. Là encore, le Gisti compte parmi ses abonnés nombre de travailleurs sociaux et/ou de structures de travail social, et nous savons que nos guides, en particulier, sont des outils précieux dans tous les services amenés à recevoir des étrangers.

– Les permanences de conseil juridique, enfin, sont plus que largement ouvertes aux travailleurs sociaux. Au téléphone ou par courrier, ceux-ci posent des questions d’ordre général sur la réglementation en vigueur, ou exposent la situation d’une personne ou d’une famille en particulier pour demander quelle aide il est possible de leur apporter. Il est fréquent par ailleurs que ce soit sur les conseils d’un travailleur social que des étrangers prennent contact avec le Gisti pour entreprendre des démarches en préfecture, faire une demande de regroupement familial, entamer une procédure de demande d’asile, obtenir l’ouverture de droits sociaux. Au total, sur l’ensemble des dossiers individuels traités au Gisti, un peu plus de 20 % par an l’ont été à la suite de l’intervention de ces intermédiaires privilégiés.
Des actions collectives à saluer

Outre ces activités au long cours, l’actualité suscite plus ou moins, selon les années, de partenariats avec des travailleurs sociaux. Le dernier exemple en date est l’aventure de RESF (Réseau éducation sans frontières), né lorsque des enseignants, des parents d’élèves et des assistants de service social de collèges et lycées ont découvert que les élèves de leurs établissements menacés d’être renvoyés hors du territoire du fait de l’absence de titres de séjour de leurs parents n’étaient pas des cas isolés. Le Gisti, ainsi que d’autres organisations, a contribué à ce mouvement qui, pour l’instant, a abouti à la circulaire de régularisation de juin 2006.

Un autre réseau, regroupant celui-là principalement des éducateurs spécialisés, s’est constitué en avril 2004. Le réseau Rime (Rassemblement des intervenants sociaux pour l’insertion des mineurs et jeunes majeurs étrangers) a pour objet l’échange d’informations et la réflexion sur la prise en charge des jeunes étrangers, mineurs ou majeurs isolés. Le besoin de créer un tel réseau s’était fait sentir notamment à cause des effets, sur le travail éducatif auprès des jeunes étrangers isolés, de la réforme du code de la nationalité insérée dans la loi Sarkozy de novembre 2003, la plupart de ces jeunes se trouvant, à la suite de cette réforme, privés de l’accès à la nationalité française qui leur était jusque là ouvert.

Une initiative comme ce réseau Rime est d’autant à saluer que, dans son ensemble, la profession est peu encline à l’action collective ; elle compte d’ailleurs très peu d’organisations associatives ou syndicales. On a pu observer, avec le développement du réseau RESF, l’écart entre leur capacité de mobilisation et celle des enseignants, dotés eux de longue date de structures syndicales fortes. D’une manière générale, les travailleurs sociaux sont très peu représentés dans les mouvements de défense des catégories sociales (les chômeurs, les mal-logés, les sans-papiers…) qu’ils côtoient dans l’exercice de leur profession.
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