C’est une évidence pour nous, acteurs, militants, bénévoles, salariés de ces organismes qui, pour une grande partie, créent ou recréent du lien toute l’année. Ces organisations réparent, compensent, inventent et reconstruisent les dégâts du libéralisme [1] pour les populations et les territoires, en se basant sur des principes de coopération (et non de concurrence), de solidarité (et non d’individualisme), d’autonomisation des individus (et non d’asservissement), que ce soit dans la sphère économique, culturelle ou professionnelle.
Sans juger le fond de l’histoire, l’actualité est fortement impactée par le drame de Nanterre. Et surtout l’embrasement qui s’en est suivi. Les observateurs et analystes de ce genre de situation mettent tous en avant la politique de la ville. Ou le recul de la politique de la ville, l’absence, la faiblesse, mettez le terme que vous souhaitez. Ils constatent un recul de la présence des associations et des travailleurs sociaux, avec pour conséquence une disparition des intermédiaires, des relais, des facilitateurs, des petits rouages permettant que la machine ne se grippe pas.
Et l’ESS a fortement répondu à cet embrasement. Cela a même été constaté et relayé sur France Info avec une belle explication en direct à des millions d’auditeurs de la grande différence entre entreprises capitalistes et entreprises mutualistes et coopératives (Le domaine était l’assurance).
L’économie sociale et solidaire a présenté ses deux facettes : la gestionnaire, la politique. Pour ce qui est de la première, les assureurs mutualistes et coopératifs ont réagi et proposé un assouplissement de leurs règles pour faciliter les indemnisations, principalement des entrepreneurs touchés par les émeutes. La MACIF et le Crédit Mutuel ont communiqué sur leur dispositif ainsi assoupli. Et sûrement d’autres. Pour ce qui est de la deuxième, les réactions ont été nombreuses, principalement émanant des réseaux d’éducation populaire. Les réseaux se sont mobilisés pour proposer leur expérience auprès des collectivités territoriales et acteurs de la ville pour retrouver de la cohésion sociale. Car ces réseaux sont habitués à cette complexité, à gérer des situations difficiles, à faire tampon entre décideurs locaux et populations. Ce mot d’éducation populaire fait désuet mais résonne pourtant très fort en ce moment : c’est la main qui accompagne, c’est le sourire qui réchauffe, c’est le bras qui soutient, c’est la bouche qui explique. La Fédération des centres sociaux et socioculturels de France a adressé un message de solidarité à son réseau et aux territoires qu’il accompagne. La Fédération générale des PEP regrette, elle "que le « rapport Borloo » n’ait pas été pris en considération comme il aurait dû l’être". Ce rapport revient régulièrement également dans les analyses du moment et sous-tend mon propos liminaire. Le mouvement associatif rappelle le rôle essentiel tenu par les associations encore présentes, surtout devant le recul de celui des services publics.
Enfin, on notera l’initiative "Notre pays est en deuil et en colère" qui fédère plusieurs centaines d’organisations sur une approche plus revendicative, allant des associations aux partis politiques.
Les syndicats ont eux aussi communiqué et appelé au calme et à la solidarité. Le MEDEF pour les employeurs s’inquiète des "irréparables pertes d’exploitation pour les entreprises touchées, pouvant conduire à du chômage partiel voire à des destructions d’emplois". Les syndicats de salariés ont exprimé leur solidarité et leur envie de solidarité, l’UNSA sort un peu du lot en désavouant l’un de ses syndicats qui avait communiqué avec des propos très décriés dans la presse.
Bonne lecture,
Bonne fin de semaine.
Guillaume Chocteau
PS : Comme tous les ans, le site va prendre son rythme de croisière estival aux alentours du 18 juillet. Moins d’articles quotidiens et une lettre reprenant l’activité fin août en lieu et place des deux hebdomadaires. D’ici là, il en reste quelques unes à lire.
[1] et du capitalisme ? Mais cela fait débat !