Les députés français ont voté mardi un amendement interdisant la commercialisation des sacs et emballages plastiques non biodégradables à l’horizon 2010, prenant en marche le train de la réduction des sacs de caisse, lancé en France il y a un an seulement.
Les députés cherchent surtout, avec cet amendement à la loi d’orientation agricole, à trouver de nouveaux débouchés aux agriculteurs. Les sacs biodégradables sont en effet actuellement fabriqués pour moitié en amidon de maïs et moitié avec un polymère (plastique) biodégradable. A l’avenir, ils pourraient provenir d’autres matières végétales comme la pomme de terre, le chanvre ou la tomate.
"C’est une très bonne nouvelle, surtout si on recourt à d’autres matériaux que le maïs, qui est trop gourmand en eau", estime Florence Couraud, directrice du Centre national indépendant d’information sur les déchets, une association écologiste.
"Le sac en biomatériau (biodégradable) est la meilleure option après le cabas réutilisable", précise Nadia Boeglin, chef du département éco-consommation à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
La toute dernière étude de l’Ademe (septembre 2005) conclut à la supériorité écrasante du cabas en termes de consommation d’énergie et d’impact environnemental devant tous les sacs jetables (plastique, papier, biodégradable, fragmentable).
Toutefois, "lorsqu’il s’avère nécessaire de maintenir l’usage de sacs jetables, l’emploi des sacs biodégradables doit être fortement encouragé", relève-t-elle.
Symboles de la société du jetable, les sacs à usage unique sont utilisés en moyenne 20 minutes, puis incinérés ou dispersés dans la nature où il leur faudra jusqu’à 400 ans pour disparaître. Les écologistes les accusent de dégrader l’environnement, de polluer les océans et d’étouffer les animaux marins.
La bataille pour les réduire a marqué des points depuis son lancement en 2003 par la ministre de l’Ecologie Roselyne Bachelot.
Les quantités de sacs plastique distribués en caisse ont diminué de 20%, passant de 15 milliards à 12 milliards d’unités en 2004, selon le ministère de l’Ecologie.
Ce succès reste fragile. "Les premiers pourcents de réduction sont sans doute les plus faciles à gagner", relève Nadia Boeglin. Certaines enseignes qui avaient banni les sacs plastiques sont revenues en arrière, de crainte de perdre des clients.
La ministre de l’Ecologie Nelly Olin a fixé un nouvel objectif de réduction de moitié des quantités de sacs de caisse distribués en 2006 par rapport à leur niveau de 2003.
Le sac biodégradable pourrait apporter une solution facile. Mais il risque de semer la confusion auprès des consommateurs et d’anéantir l’effort de pédagogie lancé depuis un an, relève Nadia Boeglin.
Le sac plastique est surtout un symbole : il représente 2 kg par an et par personne, à comparer avec les 360 kg de la poubelle de chaque français.
En revanche, les emballages plastique, dont les députés ont aussi voté mardi l’interdiction, représentent un enjeu considérable : la moitié des 100 milliards d’emballages utilisés chaque année sont en plastique.
"Il est impossible de les remplacer par des emballages biodégradables d’ici 2010, aussi bien techniquement qu’en termes de délai", a réagi Bernard Hérodin, directeur général d’Eco-emballages, responsable de la collecte.
Il observe toutefois qu’il ne s’agit que de la première lecture de la loi : les députés pourraient revenir sur une disposition, qui "nécessiterait de restructurer entièrement la filière du plastique".