France Bénévolat et le CerPhi s’attachent, année après année, à mieux cerner le bénévolat :
son importance dans la vie associative
le profil des bénévoles, leurs motivations et leurs attentes
les différentes formes de bénévolat
la manière dont le secteur associatif gère, recrute, forme et fidélise ses bénévoles
« Pour la quatrième année consécutive France Bénévolat et le CerPhi, ont uni leurs forces pour
présenter une photographie de la France Bénévole, unique et originale grâce à l’appui et la
contribution permanente de très nombreuses associations ou personnalités du monde associatif,
étroitement associées à sa réalisation. » Jean Bastide, président de France Bénévolat.
L’étude 2007 présente en effet pour la première fois les résultats de plusieurs vagues d’enquêtes
réalisées au deuxième trimestre 2006 (1.246 responsables bénévoles interrogés) et au cours de
ce premier trimestre 2007 (2.051 responsables bénévoles interrogés). Elle constitue désormais un baromètre précieux.
Motivations personnelles des responsables bénévoles d’associations ?
Parmi les motivations proposées au choix des responsables associatifs, deux motivations viennent largement en tête :
la cause soutenue par l’association (64%) : plus encore chez les femmes, les plus de 55
ans, et les responsables du secteur social (86%) ;
le sentiment d’être utile et d’agir pour la société (64%) : cette motivation concerne
davantage les hommes, là encore les plus de 55 ans, et particulièrement les associations à
caractère social.
Au bilan, 9 responsables sur 10 choisissent au moins l’un de ces deux ressorts d’engagement
« pour les autres ».
Viennent ensuite et à un niveau secondaire trois motivations :
L’épanouissement personnel (21%) : concerne surtout les jeunes (moins de 35 ans), et les responsables d’associations sportives, culturelles et de loisirs ;
Le sentiment d’appartenir à une équipe (14%) : cette motivation est nettement mise en avant dans les associations sportives (38%), et un peu moins dans les grandes associations ;
Le désir d’exercer des responsabilités (10%) est globalement plus présent dans les grandes associations, dans le sport et d’une manière générale dans les associations les plus anciennes.
Les autres motivations sont beaucoup moins citées : l’acquisition d’une compétence (6%) ;
pouvoir mesurer le fruit de ses efforts (5%) ; et enfin la reconnaissance sociale (2%). Est-ce
un choix positif ou bien un choix par dépit, sachant qu’en parallèle près de 80% regrettent que
l’engagement bénévole n’ait pas la reconnaissance et la promotion qu’il mérite ?
L’opinion des responsables associatifs sur les bénévoles
Si la disponibilité et le savoir-faire des bénévoles, une fois actifs dans l’association, sont estimés
satisfaisants (respectivement par 70% et 80% des responsables), un responsable sur deux (51%)
éprouve des difficultés à recruter, surtout dans le domaine social et la culture.
Pour un responsable sur trois, le recrutement s’avère plus difficile que par le passé, plusencore dans le domaine du sport (42%), secteur jusque là préservé.
La situation du recrutement est moins tendue dans le Nord, et c’est dans l’Ouest qu’elle est la plus délicate.
Selon le baromètre constitué, près de 800 responsables d’associations ont répondu à cette
même question à 10 mois d’intervalle : au cours de l’année 2005-2006, un sur trois (33%) estimait manquer de bénévoles intervenant régulièrement dans son association. Au cours de cette année 2006-2007, cette insatisfaction s’est aggravée, passant en moyenne de 33 à 35%.
Pas étonnant quand on constate une modification de l’engagement dans le monde associatif, tant
dans sa durée (plus courte) que dans sa nature (plus orientée vers l’action que vers les
responsabilités fonctionnelles). Il se concentre plus souvent sur des enjeux d’intérêts particuliers.
Du reste, le volume global (en équivalents temps pleins) de cet engagement n’a pas progressé
depuis 1999, quand, en parallèle, le nombre d’associations a lui augmenté de 20%.
Les compétences les plus difficiles à trouver
Les compétences bénévoles les plus difficiles à trouver aujourd’hui sont en lien avec l’évolution
des préoccupations majeures actuelles des associations :
La plus recherchée concerne le montage de projets et la recherche de financements, pour 50% des responsables d’associations.
29% des responsables sont préoccupés par la recherche de compétences en communication.
26% des responsables ont des difficultés à recruter des bénévoles ayant des compétences
en gestion et comptabilité.
Les autres compétences difficiles à trouver sont les compétences juridiques (17%) et la
connaissance des nouvelles technologies (15%).
Comment les responsables gèrent-ils le bénévolat ?
Quelles sont leurs priorités ?
Près d’un sur deux veut avant tout associer les bénévoles au projet associatif.
Le souci est aussi de les fidéliser (29%), et de les former (21%), surtout dans le sport et le
social.
Plus d’un responsable sur trois souhaite recruter, notamment dans le domaine social (40%).
Près d’un responsable sur quatre (23%) souhaite encourager le bénévolat des jeunes, en
particulier dans le sport (42%) en sensibilisant les pratiquants.
L’encadrement et l’animation des bénévoles préoccupent de plus en plus les responsables :
29% d’entre eux considèrent ce sujet comme essentiel et ont mis en place une organisation
spécifique,
31% procèdent peu à peu à une organisation dans ce domaine,
24% ressentent le besoin de traiter cette question mais n’ont pas encore réuni les moyens
nécessaires.
Comment élargir le bénévolat en France ?
Pascal Dreyer, auteur de l’ouvrage « Etre bénévole aujourd’hui », et Dominique Thierry, à
l’origine du concept de pédagogie de l’engagement, présentent quelques pistes pour renforcer
les rangs du bénévolat :
Pour Pascal Dreyer, il est essentiel de revenir aux motivations profondes de l’ « engagement
de soi » pour faire ressortir les attentes actuellement insatisfaites des bénévoles, et ainsi
mettre en place les actions correctives nécessaires à leur satisfaction et à leur fidélisation :
contribuer pleinement au projet associatif, améliorer la relation bénévoles/salariés et
reconnaître les apports des bénévoles dans les associations.
Pour Dominique Thierry, il s’agit de mettre en place une véritable « pédagogie de l’engagement », au travers de trois leviers : le système éducatif, les entreprises et l’accompagnement des retraités – préconisations par ailleurs mises en ..uvre par France Bénévolat au travers des trois concepts de « Relais du bénévolat étudiant », « Relais du bénévolat en entreprise » et « Relais en Caisses de retraite et organismes de seniors ».
De nouvelles formes de bénévolats se développent et vont aussi dans le sens d’un élargissement
des pratiques bénévoles ; nous avons souhaité mettre deux d’entre elles en lumière, d’abord parce qu’elles méritent d’être saluées et reconnues, ensuite et surtout dans la mesure où elles peuvent permettre à des personnes assez peu disponibles de participer aussi à des actions bénévoles. Il s’agit :
du « bénévolat de compétences » initié il y a 5 ans par Patrick Bertrand, responsable de
Passerelles & Compétences. Cette association met en relation des professionnels qui souhaitent donner une dimension plus humaine à leur vie quotidienne et mettent ponctuellement leurs compétences à la disposition d’une action ou d’un projet précis d’une association.
du « bénévolat en ligne » présenté par Nathalie Choiseau, responsable du réseau et du site www.betobe.org, mettant en relations des associations avec des bénévoles sur des missions pouvant être réalisées exclusivement via des échanges internet.
Au-delà des frontières
Et comme dans chacune de nos éditions, nous ouvrons les frontières pour présenter les pratiques
bénévoles d’autres pays. Après le Canada et la Suisse, c’est l’Angleterre qui est à l’honneur, avec
une approche susceptible de donner bien des idées aux acteurs du monde associatif et aux
décideurs concernés.
L’étude est disponible sur www.cerphi.org et www.francebenevolat.org
« Mieux qu’une publication annuelle, une collection voit le jour, vade-mecum indispensable pour tous ceux, de plus en plus nombreux, qui s’interrogent sur la dynamique du mouvement associatif, sur la force et l’étendue de sa ressource humaine bénévole, sa composition, ses motivations et ses aspirations, ses problèmes et ses difficultés. »
Roger Sue, sociologue, professeur d’université, membre du CERLIS - CNRS (Paris V).