L’économie sociale et solidaire peut-elle ré-enchanter le travail ?

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L'économie sociale et solidaire peut-elle ré-enchanter le travail ?

Si comme le dit Frédéric Lordon, « l’innovation historique du néolibéralisme consiste en le projet de faire entrer la mobilisation salariale dans un régime d’affects joyeux intrinsèques », alors il faut bien admettre que le développement de « l’économie sociale et solidaire » (ESS), et son aspiration à promouvoir le « travail autrement », participe à sa manière, à la construction d’un régime spécifique de mise de travail fondé sur la recherche de l’épanouissement de soi dans l’activité productive. Les organisations de l’économie sociale et solidaire, dont le développement et le champ d’exercice ont été récemment consacrés par une loi[1], constituent-elles un « écosystème » plus favorable à la diffusion de pratiques plus soucieuses du « développement professionnel » de leurs salariés ? Plus précisément, l’espace des organisations de l’ESS peut-il incarner une voie d’émancipation à l’hégémonie du « capital humain » comme référentiel des pratiques managériales ? Et si oui, quelles en sont les conditions de possibilité ?

DES DISPOSITIONS CONVERGENTES ENTRE TRAVAILLEURS ET EMPLOYEURS DE L’ESS

En France, les salariés désirant faire carrière dans l’ESS se différencient de l’ensemble des actifs par des caractéristiques particulières en termes de sexe, âge, niveau de diplôme et origine sociale[2]. En effet, les données disponibles font apparaître que, au-delà des spécificités propres aux branches professionnelles, les travailleurs de l’ESS sont plutôt des « travailleuses », relativement jeunes par rapport au secteur public, ayant acquis un niveau de qualification fréquemment supérieur au baccalauréat et issus, plus souvent que la moyenne, de parents ayant été agent public dans l’une des trois fonctions publiques.

Source : Agir par la culture par Matthieu Hély

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