Ce petit livre (La nouvelle alternative ? Les petits matins, 12 euros, en librairie le 3 juin) sur l’économie sociale et solidaire, son apport et ses potentialités, ses dérives et ses limites, écrit par un insider militant mais « terriblement » lucide, va certainement susciter des débats, et c’est tant mieux. À l’approche des « États généraux » de l’ESS (du 17 au 19 juin, au Palais Brongniard, voir le blog de Hugues Sibille sur ce site), préparés depuis des mois dans toutes les régions sous la houlette du « Labo de l’ESS » et de l’inoxydable Claude Alphandéry, cette « enquête sur l’ESS », dénuée de complaisance, va faire grincer des dents.
Mais elle devrait vivement intéresser ceux et celles qui se battent pour que l’ESS reste fidèle à ses valeurs, fasse de la politique au sens noble, et ne devienne pas le secteur d’accompagnement social mou et caritatif du capitalisme financier, de son État réduit à l’impuissance publique et de ses services publics en déshérence. Ceux et celles aussi qui ne se résignent pas à voir la gouvernance démocratique (« une personne, une voix ») trop souvent affaiblie dans des organisations qui prétendent l’incarner. En particulier dans certaines (pas toutes !) coopératives, mutuelles, banques et assurances certes non dirigées par des actionnaires et non cotées en Bourse, mais qui ne se comportent guère mieux que leurs homologues capitalistes parce que les objectifs liés de croissance et de puissance ne sont plus contrés par les sociétaires et autres parties prenantes.