En juillet 2002, deux personnes militantes de l’économie sociale, se décident à lancer une association pour l’emploi et pour la promotion de l’économie sociale et solidaire. Mais pas n’importe comment ! Comme ils l’ont toujours fais auparavant, et comme leurs références historiques l’ont fait auparavant : avec les gens, en se basant sur les fonds « baptismaux » de l’économie sociale, et en travaillant.
Eté 2002 : Agnès travaille dans une PME industrielle. Management carricatural du 19Ième siècle : pas de dialogue social, prime à la « tête du salarié », salaires au plus bas, représentation carricaturale des syndicats, cadres avec voiture de fonction familiale (Pour les enfants le week end), ... Heureusement, à côté, il y a l’investissement militant : l’associatif, le mutualisme, le syndicalisme. Guillaume travaille dans une mutuelle santé. Connaissance de la protection sociale et du secteur de la Mutualité. Relations syndicalisme / mutualisme, relations complexes entre la vente et la promotion des valeurs de solidarité, partenariats privés / publics, ... Et puis , dans le prolongement, l’investissement militant : association, mutualisme, syndical.
De cette situation se dresse un constat. Autant du côté de l’offre que du côté de la demande, il n’existe pas de lieu de centralisation des offres d’emplois et de stages dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Le secteur de l’emploi est à l’identique du secteur, hétérogène, éclaté, rempli de petites chapelles dont les clochers se regardent en se disant qu’ils sont de la même religion, tout en se disant que chacun est plus que l’autre, moins que le voisin et pareil que l’un. Tout cela dans le respect de chacun... Long héritage provenant des traditions, des origines de création, mais aussi (Et surtout) des concurrences qui se sont mises en place au fur et à mesure des années, chacun liant des coopérations sur des secteurs où il n’intervenait pas, mais que son sociétariat, ses adhérents, ses clients lui demandent d’apporter.
Les emplois sont divers. Comment concilier sans mettre une énergie importante (Et donc de l’argent) une lieu où pourrait se retrouver des offres de chargé du patrimoine (Pour les banques mutualistes par exemple), un coordinateur de projet (Pour les associations) et un actuaire (Pour les mutuelles d’assurance) ? Pourtant, ce lieu aurait comme point commun d’être un lieu où seuls les employeurs de l’économie sociale et solidaire pourraient déposer leurs offres... Quelques soient leurs « familles » : coopérative, associative, mutualiste... C’est une des bases de Ressources Solidaires, être le lieu des offres de l’économie sociale et solidaire, sans distinction de statut juridique ou de d’appartenance. Utopiste ? Sûrement au début, moins maintenant avec le recul. En effet, après 3 ans d’existence, nous avons touché les 4 grandes familles. Même si la grande majorité de nos « clients » employeurs ont été et sont des associations, nous avons également géré des offres pour des mutuelles santé, des mutuelles d’assurance, des coopératives et des fondations. La différenciation se fait plus sur les profils de poste que sur les statuts juridiques des employeurs. Les employeurs nous ont placé sur le terrain des profils à forte implication personnelle. Et de fait, les candidats qui étaient sur le marché, ont profité de ce lieu pour se fédérer et s’y retrouver. Reste que les autres profils de postes nous intéressent également, parce que les candidats issus de ces postes, mais intéressés par le secteur, nous le demandent aussi.
Le deuxième volet de l’activité est la promotion de l’économie sociale et solidaire. A partir du moment où une structure souhaite communiquer grand public, notre site peut l’acceuillir. Une revue de presse quotidienne et des relations privilégiées avec certains organismes ou groupements permettent de présenter un portail sur l’économie sociale et solidaire, sans tomber dans les travers que certains pans de l’économie solidaire aiment à développer : une analyse sans concession des points négatifs de tel ou tel acteur de l’économie sociale, en se présentant comme les gardiens du temple. Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais pour autant, ne peut on pas maitriser ses pulsions, et oeuvrer pour qu’une réelle alternative crédible puisse émerger de ces différentes entités, composantes d’un secteur économique large, diversifié et complet, aussi bien relais de l’action publique, qu’accompagnateur efficace des citoyens au quotidien ? Placons le curseur de la pureté idéologique, plus ou moins loin du repère de la réalité, et nous nous conduisons aussi sûrement que rapidement à l’autodestruction ! Non, Ressources Solidaires n’a pas vocation à être la seule agence de communication des riches, des pauvres, des gros ou des petits, mais de tous. Sans disctinction, du moment qu’ils se reconnaissent dans ces tiers secteur, juste à côté de la puissance publique, juste à côté du privé traditionnel... Et cela, nos adhérents, nos partenaires le savent et soutiennent le projet justement pour cela. Pour cette ouverture d’esprit, cette vision large et désintéressée, cette simple promotion de valeurs fondamentales sans récupération.
Le projet s’est monté sur ses valeurs : transversalité et complémentarité entre les composantes de l’économie sociale.
Ce que ne peut pas être Ressources Solidaires, c’est la structure montée par des groupements dans un objectif précis. Cela ne peut pas être cela, car ses fondateurs ne l’ont pas voulu ainsi. Ils l’ont voulu identifiques aux sources historiques, un mouvement social créé son outil à son service géré par lui même de façon démocratique et collective, mais dont les conséquences dépasseront bien entendu les propres limites de ce mouvement, elles apporteront à toutes et tous. Parmi plusieurs, une référence : l’assurance Mutuelle des Motards. 40 000 motards décident de créer leur propre assurance car ils ne se retrouvent pas dans les politiques commerciales des assureurs de la fin des années 1970. Ils versent une somme (Importante pour l’époque = 280 francs) et atteignent le seuil du fond de garantie. Leur assurence par et pour les motards est née. Démocratique, collective, forte de ses origines et de ses valeurs, la Mutuelle a évolué, s’est adaptée, s’est développé pour satisfaire ses sociétaires. Certes, mais pas seulement, car son évolution se répercute sur l’ensemble des autres assureurs, en tirant le marché vers le mieux possible pour le motard, donc pour les motards, donc pour les assurés motards. Quittons la Mutuelle des Motards, prenons l’exemple des caisses de secours mutuelles du 19° siècle. Des ouvriers, pauvres et précarisés par une révolution industrielle aux visions économiques et non sociales, s’organisent pour créer des sytèmes spécifiques garantissant leurs risques maladie et invalidité. Quelques dizaines d’années plus tard, on les retrouve fédérés au sein de la Mutualité Française, et plus tard, dans l’esprit, au sein de la Sécurité Sociale, gérée par leur représentants syndicaux. Mais retournons vers Ressources Solidaires.
Dans l’emploi, entre la perte du monopole de l’ANPE et la percée des organismes privés (Intérim principalement), le marché de l’emploi n’a jamais aussi bien porté son nom. Et la perversion du système fait que ce n’est plus le demandeur d’emploi qui se retrouve comme « produit » du marché de l’emploi, mais son employabilité, c’est à dire, sa capacité à retrouver du travail facilement, rapidement, de façon autonome ou non. Pourquoi ? Un demandeur d’emploi qui devient « chômeur de longue durée » s’éloigne de l’employabilité maximale et donc devient couteux à la société qui s’occupe de lui. Seul un service non soumis à des exigences de rentabilité de placement peut s’intéresser à lui, l’accompagner et réussir à terme ; Ressources Solidaires n’a pas vocation à remplacer le service public de l’emploi, mais bien à agir à ses côtés sur ce secteur particulier de l’économie sociale et solidaire.
N’oublions pas nos origines, regardons vers l’avenir, écoutons ce que veut notre sociétariat, ne renonçons aux valeurs de solidarité et d’humanisme et gageons à coup sûr que Ressources Solidaires continuera à se développer dans les années à venir.
Merci à vous. Bonne anniversaire à l’association (Née le 27 décembre 2002)
Agnès et Guillaume, fondateurs de Ressources Solidaires