Si nous avons pu un moment nous interroger, l’ESS a –finalement- trouvé une –petite- place dans l’organigramme du premier gouvernement Macron/Philippe.
Juste une -petite- ligne dans le décret d’attribution de Nicolas Hulot :
« Il est chargé de la promotion et du développement de l’économie sociale et solidaire. »
Les éminentes instances dirigeantes de l’ESS s’en féliciteront certainement : Nicolas Hulot n’est-il pas « Ministre d’Etat, ministre chargé de la transition écologique et solidaire ?
D’autres plus sarcastiques se demanderont si cette attribution ne relève pas d’une considération pour « espèce menacée à protéger ».
En tout état de cause des questions se posent.
Le caractère « interministériel » de l’institution en charge de l’ESS voulu à juste titre par Michel Rocard et son rattachement au Premier ministre a cédé longtemps le pas à une dominante « affaires sociales » voire un moment « jeunesse et sport ».
En 2012 un Ministère délégué au sein du Ministère de l’Economie de l’Economie et des Finances affirmait la place de l’ESS au sein de l’économie française et sa place éminente, puis ce fut un Secrétariat d’Etat où l’ESS apparaissait en troisième voire quatrième rang (mais apparaissait).
Aujourd’hui la place l’ESS se déduirait de l’adjectif « solidaire » dans l’intitulé du ministère Hulot et à la –petite- ligne !
C’est peu !
Autre question et elle est majeure : quid du rattachement de la Délégation toujours en titre « interministérielle » (aujourd’hui placée au sein de la Direction du Trésor) et animée avec opiniâtreté par Odile Kirchner ? et de quels moyens disposera-t-elle enfin ?
Il faut bien dire que l’ESS avait été absente de la campagne malgré une multitude d’initiatives dispersées des familles, des groupements de l’ESS ; mais peut être est-ce justement à cause de cette multitude, de cette dispersion ?
Peu chez Benoît Hamon qui pourtant avait acquis une légitimité au sein de l’ESS. Un « livret » assez décevant chez FI et dont la parution tardive traduit les disputes sur le sujet empreintes de l’étatisme de certains. Une Lettre à l’ESS assez bien tournée, mais bien libérale de la part d’Emmanuel Macron.
Un silence global.
Préoccupante est aussi l’indétermination des grandes institutions de l’ESS quand les institutions de la Vème nous ont à nouveau imposé un choix que pour beaucoup nous n’avions pas voulu. Pour autant ce choix était clair face au fascisme mal fardé en « populisme ». La Mutualité s’est engagée pour faire barrage au Front National, les autres se sont contentés de rappels aux valeurs et d’appels gênés à « aller voter ».
Cynthia Fleury rappelait dans l’Huma des Débats « Spécial Gramsci » la phrase de ce dernier « Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen et prendre parti ». L’ESS vit-elle donc vraiment ?
Il n’y aura d’ESS vivante que dans l’engagement pour une transformation profonde de la société : un engagement économique, social, environnemental mais surtout démocratique.
Les initiatives actuelles de renouveau mutualiste, coopératif et associatif témoignent de cet engagement de la part d’un nombre croissant de militants ESS. Quand nos grandes entreprises et institutions s’inscriront-elles clairement dans ce mouvement ?
Le premier signe donné par l’UDES n’est guère encourageant. L’organisation a été reçue par le Premier ministre en présence du ministre du Travail (mais sans Nicolas Hulot, ce qui peut étonner cf.supra) et elle s’est empressée de dire son adhésion globale à la réforme du Travail qui se profile. On peut se féliciter que l’UDES soit reçue mais son communiqué (voir sur le site UDES) fait un écho (assagi pour l’heure) à ses prises de positions malheureuses du printemps 2016.
Signalons que le GOEES œuvre, avec ses partenaires, aux suites des Rencontres de la Plaine et participe au groupe français qui travaille à la préparation du deuxième Forum Européen ESS que la GUE (Gauche unitaire européenne) organise le 9 novembre à Bruxelles.
La contribution française portera justement sur les rapports ESS/Travail dans leur diversité.