Après huit années d’existence, ce centre de ressources de l’ESS était devenu la clé de voûte du développement de l’économie sociale et solidaire francilienne.
Le centre de ressources régional de l’économie sociale et solidaire (ESS) a annoncé ce lundi la fermeture définitive de ses activités au 31 janvier. La conséquence de la fin de la subvention versée à l’organisme associé à la Région Ile-de-France, décidée par Valérie Pécresse.
Le couperet est tombé ce lundi matin. A l’heure où Valérie Pécresse annonçait ses coupes budgétaires dans les services de la Région Ile-de-France et dans ses organismes associés, l’Atelier a publié ce lundi matin sur son site web un communiqué annonçant la cessation de ses activités. Pour l’économie sociale et solidaire francilienne, c’est un coup dur que ne gomme pas, pour l’heure, le développement de la CRESS régionale (Chambre régionale de l’ESS).
Après huit années d’existence, ce centre de ressources de l’ESS était devenu la clé de voûte du développement du secteur dans la région francilienne. Financé à hauteur de 900 000 euros par la Région sur un budget de 1,2 million d’euros, il était chargé de sa promotion et de sa visibilité sur le territoire ; du soutien aux porteurs de projet et candidats entrepreneurs ; ainsi que de l’accompagnement des collectivités locales dans leur soutien aux associations, mutuelles, coopératives et fondations.
Dès son accession à la présidence de la Région, Valérie Pécresse avait taillé dans les organismes associés à la Région. Ce tour de vis dans le budget rectificatif de 2016 avait dès octobre retiré à l’Atelier 40% de ses subventions de fonctionnement. L’organisme a alors été contraint de procéder à un plan de départ volontaire. Quatre salariés sur la dizaine que comptait la structure sont partis. Autre conséquence de la coupe claire : le programme « Entrepreneurs du changement », qui permettaient aux candidats entrepreneurs de l’ESS d’être aiguillés et conseillers, a été arrêté. Un comble alors que la nouvelle majorité régionale assure toujours que le soutien à la création d’emploi fait partie de ses priorités. Fin octobre, les salariés restants ont dénoncé publiquement le silence de Valérie Pécresse quant à la pérennité de l’organisme. La sentence est donc tombée en ce début 2017. Le communiqué mis en ligne ce lundi indique que « le conseil d’administration du 2 janvier 2017 a arrêté un projet de plan de cessation totale d’activité du Centre de ressources régional de l’économie sociale et solidaire en Île-de-France. Cette résolution fait suite à l’annonce par la Région Île-de-France de son désengagement du financement de l’Atelier dès 2017. » Dès lors, tout devrait aller vite. Dans deux jours, le mobilier sera mis en vente et le siège près de la gare de l’Est définitivement fermé au 31 janvier.
La fermeture de l’Atelier se double d’un immense gâchis. Gâchis de perte de compétences. Quelques uns des cinq salariés restants devraient se voir proposer d’intégrer les services de la Région pour animer une petite « cellule ESS ». Les recalés se contenteront d’un accompagnement amélioré après leur licenciement économique (contrat de sécurisation professionnelle). « Valérie Pécresse prétexte la création, en remplacement, d’une cellule ESS à la Région, mais celle-ci ne pourra pas se substituer au travail de l’Atelier », dénonçait fin décembre Vanessa Ghiati, administratrice Front de gauche de l’Atelier.
« Une page de l’histoire de l’ESS se tourne en Île-de-France »
De son côté, la CRESS Ile-de-France s’est vu gratifier par la Région d’une rallonge budgétaire de 50 000 euros, au deuxième semestre 2016. De quoi lui permettre d’accueillir l’Observatoire régional de l’ESS et sa salariée, jusqu’alors rattaché à l’Atelier. Pour Eric Forti, président de la CRESS régionale, « une page de l’histoire de l’ESS se tourne en Île-de-France. La CRESS se positionne maintenant comme un partenaire opérationnel du conseil régional pour contribuer à la réalisation du volet ESS du Schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation (SRDEII) qui vient d’être voté. »
Ce schéma fait effectivement de la CRESS l’interlocutrice de la Région (dépositaire aussi du Fonds social européen) et de la Caisse des dépôts, pour leurs financements en faveur de la création et du développement des entreprises de l’ESS. Il reste encore à connaître l’enveloppe destinée à l’économie sociale. Mais le tiers secteur se retrouve très loin dans la liste des priorités dressée par Valérie Pécresse, derrière l’internationalisation des PME franciliennes. Et la CRESS n’est pas encore en état de reprendre à son compte tout le travail effectué par les salariés de l’Atelier. Huit années de soutien et de promotion de l’ESS en Ile-de-France pourraient rapidement être jetées à la poubelle. Les premiers qui en souffrent déjà sont les candidats entrepreneurs de l’ESS. Ceux-ci appellent toujours l’Atelier. Mais déjà plus personne n’est là pour leur répondre. ».
L’année 2017 s’annonce rude pour l’ESS mais aussi riche en débats.
Ce qui arrive aux structures ESS d’Ile-de France, arrive peu ou prou dans toutes les régions où la droite est arrivée au pouvoir, ce qui laisse mal augurer, si l’on en croit les pronostiqueurs politiques des échéances à venir.
C’est pour poser la question de l’ESS dans ses dimensions sociales et politiques à la veille des présidentielles et des législatives que le GOEES est partie prenante avec le CFD-EMI et Rencontres Sociales, de l’initiative prise par Plaine-Commune d’un journée de débats et d’interpellation des forces politiques et/ou représentants de candidats de la gauche.
Cette journée des Rencontres de la Plaine, aura lieu le 25 mars à la MSH (Maison des Sciences de l’Homme) à Saint-Denis.
Jean-Philippe MILESY,
Rencontres Sociales