Dans son petit mais dense ouvrage, "Rendre possible un autre monde", paru l’an dernier aux Presses de l’économie sociale, Jean-François Draperi revient sur les fondamentaux de l’économie sociale.
A partir des caractéristiques de l’économie sociale, il explique comment les modèles de cette économie peuvent participer à une autre forme de développement, durable et local.
Parmi les invariants de l’économie sociale, Jean-François Draperi évoque bien sûr la place centrale de l’humain, la double qualité, la proximité ; il s’attarde aussi sur un élément constitutif de l’économie sociale, mais moins repéré : la non-violence. Selon le chercheur au CNAM-Cestes, c’est un des points qui la distingue de la concurrence exacerbée de l’économie capitaliste et des critiques marxistes, qui cherchent à la renverser brutalement.
Cette non-violence s’exprime par la recherche du consensus, par l’expérimentation et par le dialogue : « l’un des corollaires de cette unité [liant théorie et pratique] est qu’une société démocratique doit être conquise par une lutte démocratique ». On retrouve d’ailleurs ces principes de non-violence dans l’économie sociale au Sud, chez Gandhi bien sûr, mais aussi dans l’organisation des communautés de base en Amérique latine, en lien avec la théologie de la Libération, et dans un autre moment historique avec le pacifisme.
« Au niveau du mode d’intervention, explique Jean-François Draperi, le principe de non-violence (ahimsa) promu par Gandhi rejoint celui du mouvement coopératif et mutualiste, seul principe transversal à toute l’économie sociale. » La non-violence, mais aussi la place de l’homme au cœur de la société, l’intérêt collectif et la finalité éducative, expliquent comment les formes de l’économie sociale que sont les coopératives, les mutuelle ! s et les associations parviennent à réconcilier l’économique et le politique.
(source lettre d’information du réseau ESS 219 du 23/04)