De la collaboration à la coopération. Nous avons longtemps essayé d’ouvrir le débat sur le sens du projet politique de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), sans grand succès. Dans le contexte préoccupant de crise démocratique que nous traversons, il est temps d’ouvrir le dialogue, pour en finir avec un corporatisme délétère de l’ESS et renforcer les luttes et les initiatives.
Prendre appui sur l’histoire
Se le rappeler n’est pas de trop : l’histoire de l’ESS est liée à celle du monde ouvrier. En faisant reconnaître la réalité sociale générée par la révolution industrielle, à une époque où seul le droit civil était reconnu, c’est bien la sacralisation de la propriété privée des moyens de production que l’ESS remettait en cause. La possibilité de se constituer en associations, en mutuelles et en coopératives représente en cela autant de conquêtes sociales que le salariat et les droits syndicaux : toutes visent à assurer des modes de production, d’organisation du travail et de sécurisation sociale nécessaires à une population qui n’a que sa force de travail pour subvenir à ses besoins. Cette mobilisation plonge ses racines dans l’histoire de la révolution française et l’horizon d’émancipation porté au début de la République (rappelons-nous Gracchus Babeuf).