L’assistance sexuelle des personnes handicapées en France : un sujet sensible, un sujet d’actualité. En effet, en ce début d’année, une association, CH(S)OSE, a été créé dans le but de militer en faveur d’un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap. Dans le même temps le député UMP de la Loire, Jean-François Chossy, prépare une proposition de loi visant à créer un statut d’aidant sexuel alors que Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, s’est déclarée « rigoureusement opposée » à « un truc pareil ! ».
Le magazine Faire Face a donc décidé d‘y consacrer un dossier à travers plusieurs thématiques. Quelles avancées et quelles limites ? Qui sont les assistants sexuels et que proposent-ils ? Que disent ceux qui sont contre ? Et ceux ayant eu recours à l’assistance sexuelle ?
Réponses dans le Faire Face du mois de février.
> 2011 : année de l’assistance sexuelle
L’année 2011 s’annonce décisive pour l’assistance sexuelle en France. Au programme dans les prochaines semaines : une proposition de loi du député Jean-François Chossy et une rude bataille prenant l’opinion publique à témoin. A partir des synthèses de tous les travaux qui lui ont été remis, Jean-François Chossy déposera le texte de sa proposition de loi courant du premier trimestre 2011. Le député veut faire passer ce message : « Il s’agit d’un besoin réel pour les personnes qui ne connaissent pas leur corps, qui ne peuvent même pas le toucher en raison de leur paralysie, mais qui ont néanmoins toute leur lucidité, toutes leurs émotions. Elles ont besoin, de temps en temps, de pouvoir exprimer leurs pulsions. »
Lancé le 5 janvier dernier, l’association CH(S)OSE se bat également pour un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap. L’association a notamment pour but la création de services d’accompagnement sexuel.
Le CNCPH[1] a créé en janvier 2010 un groupe de travail « Sexualités, vie affective et parentalité » afin de préparer sa contribution sur l’assistance sexuelle pour la seconde conférence nationale du handicap de juin prochain. Patrick Gohet, président du CNCPH précise « Le moment venu, je me prononcerai très officiellement sur l’assistance sexuelle. Avoir décidé que le CNCPH devait l’inscrire dans son programme me parait déjà significatif. »
> Assistants sexuels : « ni des héros, ni des saints »
Quelles sont les motivations de ces personnes ? Ils mènent cette activité « ni par charité, ni par devoir. Je suis juste content de le faire. Même si certaines rencontres sont difficiles, ces moments sont souvent joyeux ! » témoigne Jacques, kinésithérapeute. L’association suisse Sexualité et Handicaps Pluriels (SEPH) qui dispense ces formations précise que l’assistance sexuelle n’est pas un métier ; les assistants sexuels exercent par ailleurs une profession.
Un premier contact entre l’assistant sexuel et la personne en situation de handicap permet aux deux partenaires d’échanger leurs souhaits et leurs limites respectives. Les rencontres prennent alors forme selon les désirs du bénéficiaire : effleurements, tendres bercements, massages ou caresses intimes.
> Ceux qui sont contre
Faire Face donne ensuite la parole à ceux pour qui l’assistance sexuelle est synonyme de prostitution. Le Mouvement du Nid, fervent défenseur d’une société sans prostitution est farouchement opposé à toute forme d’accompagnement sexuel, même dans sa version la plus soft.
> Témoignages : des bénéficiaires racontent
Pour finir, deux témoignages de personnes en situation de handicap, une femme et un homme qui ont tous deux eu recours, à leur manière, à une assistance sexuelle. Leur credo : n’importe quel humain a le droit de connaitre le plaisir du corps, c’est une nécessité !
Pour Yvette, 62 ans : « Je me sens plus vivante. Oui, c’est ça, le toucher me permet d’être vivante ! Un massage sensuel, ça fait vraiment du bien. C’est un moment de détente, comme un jeu érotique. Et pour une personne lourdement handicapée c’est très important : ça revalorise le corps. » C’est par une sexologue-relaxologue qu’Yvette a pu être mise en relation avec un assistant sexuel : « Ca a été très agréable, j’ai oublié mon handicap. Je me suis sentie plus jolie, plus désirable, plus heureuse aussi ! »
Pour Charly, 48 ans : « J’ai rencontré une personne, par le biais d’Internet, qui avait suivi une formation en Suisse. Elle est venue chez moi et nous avons parlé de tout et de rien. Ensuite, elle s’est déshabillée et m’a fait un massage à l’huile d’amande douce sur tout le corps. Cela n’avait rien à voir avec un massage habituel, ça ressemblait plus à un câlin, tendre et affectueux. C’est ça le concept de l’assistance sexuelle. »
Le magazine est disponible :
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