Alternatives Economiques fait face à des difficultés financières. Nous faisons appel à vous pour aider notre coopérative indépendante à investir, afin de redresser nos comptes.
Alternatives Economiques a toujours pratiqué la transparence vis-à-vis de ses lecteurs. Tout simplement parce que ce sont eux qui nous font vivre et que, entre eux et ceux qui réalisent l’ensemble de nos publications, il existe un lien fort, fondé sur la confiance. Ainsi chaque année, nous présentons et commentons donc les comptes de notre société coopérative et participative (Scop). Dans notre numéro de juillet, nous nous prêterons une fois de plus à cet exercice, pour que vous, lecteurs, puissiez suivre cette aventure peu commune dans la presse : celle d’un journal dont les actionnaires sont essentiellement les salariés qui le produisent.
Une perte de 377 000 euros en 2014
Inutile de tourner autour du pot : ces comptes ne sont pas bons. Ils sont même très mauvais, avec une perte de 377 000 euros en 2014, un record que nous aurions préféré ne pas battre. En 2013, nos pertes avaient déjà atteint 323 000 euros, qui faisaient suite aux 72 000 euros de déficit en 2012. Ainsi, en trois ans, nous avons perdu environ la moitié des fonds propres de la coopérative, accumulés au fil du temps par les bénéfices non distribués [1] et par les apports en capital (ou assimilé) des salariés et d’amis.
En cause, trois évolutions défavorables : la forte baisse de nos recettes publicitaires (un quart de moins depuis 2011) ; une baisse dans des proportions similaires des ventes en kiosques, du fait notamment de la disparition de nombreux points de vente ; et enfin, ce qui n’est pas la moindre, la diminution du nombre de nos abonnés (10 % de moins en trois ans). Elle dénote un changement majeur dans les habitudes de lecture, le papier cédant la place en partie au numérique et aux réseaux sociaux.
Il nous faut redresser la barre. Mais pour cela, il faut du temps et des investissements. Nous avons commencé à investir, avec le lancement d’AlterEcoPlus, notre publication numérique, en novembre dernier ; avec aussi une nouvelle formule du mensuel en janvier 2015, ainsi que la création d’une nouvelle publication trimestrielle, Les dossiers d’Alternatives Economiques, en février dernier.
Mais se développer n’est pas facile et a un coût élevé, sur le numérique notamment. Pour AlterEcoPlus, le rodage a été techniquement difficile (en particulier du fait de nos moyens limités). La montée en puissance est donc plus lente que prévu, si bien qu’il nous faudra plus de temps, et aussi pas mal d’améliorations - tant techniques que rédactionnelles -, pour que notre présence numérique permette à la coopérative de combler les voies d’eau. Dans l’article sur nos comptes à paraître dans le numéro de juillet, nous vous expliquerons plus en détail les autres pistes que nous explorons pour retrouver un équilibre d’exploitation viable.
Un journal qui dérange
Nous n’avons jamais cherché à dissimuler nos opinions. Dans l’éditorial du premier numéro, signé par notre fondateur Denis Clerc, le projet d’Alternatives Economiques était ainsi présenté : "Nous ne cachons pas que l’économie actuelle ne nous plaît guère. Nous pensons que d’autres formes d’organisation sont souhaitables et possibles. Qui engendreraient moins d’inégalité. Qui respecteraient davantage l’autonomie des hommes. (…) Nous essaierons d’être la voix du vilain petit canard : celle qui se refuse à diffuser l’idéologie dominante." Et le texte résumait ainsi notre projet : "Regard critique, volonté pédagogique."
Ce qui ne nous a pas valu que des amis, loin s’en faut. Il suffit d’ouvrir, dans l’article consacré par Wikipédia à Alternatives Economiques, l’onglet "Discussion" pour en avoir une petite idée. On nous a accusés d’acheter les professeurs transformés en représentants de commerce, d’ignorer l’entreprise et le marché, de faire fi des connaissances élémentaires de la "science économique", de noyer l’économique dans la politique, de rouler pour la gauche, d’être aveuglés par des présupposés idéologiques, etc.
Ces accusations ont connu une nette décrue en 2008, quand il sauta aux yeux de beaucoup que le marché et la finance livrés à eux-mêmes mettaient le monde en danger de crise. D’un coup, ce que nous disions de longue date est apparu prémonitoire. Ce n’était cependant qu’une parenthèse, vite refermée. Les invectives ont repris contre des positions keynésiennes estimées ringardes, des analyses économiques jugées dépassées. Le business as usual, comme si la crise n’avait jamais existé…