En mobilisant trois enquêtes Générations, Alexie ROBERT, chargée d’études au Céreq, étudie les reprises d’études durant les sept premières années de vie active des jeunes entrés sur le marché du travail en 1998, 2004 et 2010. L’auteure livre une analyse inédite de ce phénomène en plein essor, qu’elle examine au prisme du diplôme de ces jeunes. Elle décrypte leurs différentes motivations et mesure le poids des inégalités sociales sur leur retour en formation initiale.
Près d’un jeune entrant sur quatre reprend désormais des études
- La proportion de jeunes reprenant leurs d’études augmente régulièrement, passant de 14 % pour la Génération 1998 à 23 % pour la Génération 2010. Cette croissance soutenue concerne tous les niveaux de diplômes.
- Mais ce sont les sortants dont le plus haut diplôme est le baccalauréat qui reprennent le plus leurs études, particulièrement ceux ayant poursuivi dans l’enseignement supérieur sans obtenir de diplôme.
- Les jeunes non diplômés du secondaire se distinguent eux aussi par une forte propension à reprendre des études (20 % pour la Génération 1998, 31 % pour la Génération 2010).
Des reprises d’études pour achever ou compléter la formation initiale... et améliorer in fine sa situation professionnelle
- Acquérir le diplôme auquel ils avaient échoué demeure une des principales motivations des jeunes à la reprise d’études.
- Les jeunes titulaires de diplômes appelant en général une poursuite d’études (par exemple pour les Bac généraux et technologiques) sont aussi plus enclins à reprendre leurs études.
- Une insertion professionnelle moins favorable explique la reprise d’études plus forte des jeunes issus des spécialités tertiaires comparativement à ceux issus des spécialités industrielles
- La recherche d’une meilleure situation professionnelle conduit aussi certains jeunes diplômés à enrichir leur CV d’un autre diplôme.
Une baisse des inégalités sociales d’accès aux reprises d’études [1]
- Si l’auteure constate au fil des Générations une différence stable entre les chances des filles et des garçons de reprendre leurs études* au bénéfice des filles ...
- ...elle mesure une diminution des inégalités d’accès dues à l’origine sociale. Toutes choses égales par ailleurs, un jeune du secondaire d’origine favorisée a 1,6 fois plus de chances de reprendre ses études* qu’un jeune d’origine populaire pour la Génération 2010 (2 fois plus pour la Génération 1998).
Acquérir un diplôme reste le graal. La recherche d’un diplôme plus élevé et l’amélioration des conditions d’insertion professionnelle demeurent les moteurs principaux de reprises d’études en pleine expansion. Alexie ROBERT pointe ici l’effet positif des politiques de lutte contre le décrochage scolaire et la porosité croissante entre formation initiale et formation continue préfigurant l’amorce de la formation tout au long de la vie.
Reprise d’études en début de vie active : acquérir un diplôme reste le graal
Alexie Robert
Céreq Bref n°396, 2020, 4p.
[1] Hors alternance