Mardi 27 mars 2012 : Ce n’est jamais extrêmement réjouissant de visiter un Centre Nutritionnel Thérapeutique : ce sont les enfants les plus gravement atteints par la malnutrition et en général avec des maladies associées qui y sont hospitalisés pour des soins intensifs. Mais il y a de la vie : des enfants qui rient, pleurent ou gambadent, des mamans qui discutent, une vie qui s’organise entre les prises de lait, les visites médicales, la lessive, la préparation des repas, etc.
Le centre nutritionnel thérapeutique (CNT) installé dans l’hôpital de Mao ne déroge pas à la règle. Il constitue d’ailleurs l’endroit sans doute le plus vivant de cet hôpital déserté. Ne cherchez pas de médecin ici : il n’y en a qu’un pour tout l’hôpital et c’est le directeur qui, en l’occurrence, est en formation à l’Est du pays. Dans tous les cas, la prise en charge de la malnutrition n’est pas enseignée dans les formations médicales : dommageable dans un pays où des régions comme le Kanem compte - hors période de crise - des taux de malnutrition autour de 15 à 18%.
Ce samedi matin, lorsque nous sommes arrivés avec Seydou, le responsable des équipes nutritionnels d’ACF, et Céline, la coordinatrice medico-nutritionnelle basée à Ndjamena pour quelques jours dans le Kanem, l’ambiance n’était pas à la fête : 5 infirmiers entouraient un petit corps entre la vie et la mort. Achta, 16 mois, pesant à peine 5 kg, était arrivée la veille au CNT souffrant de malnutrition aigue sévère encore aggravée par des diarrhées violentes. Son état s’est encore aggravé pendant la nuit : elle n’avale plus, respire avec difficulté, ne bouge plus. Sous l’effet de la malnutrition, ses organes lâchent les uns après les autres.