Trop (ou trop peu) d’épargne solidaire ?

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Trop (ou trop peu) d'épargne solidaire ?

Au moment où le montant cumulé des investissements dits « solidaires » au sens du baromètre
Finansol dépasse à peine les 500 millions d’euros, il peut paraître un peu saugrenu de
se demander si l’offre de capitaux de ce type est susceptible de s’avérer surabondante
par rapport aux besoins exprimés par les entrepreneurs solidaires (et plus largement par
rapport aux immenses besoins non satisfaits d’activités à forte utilité sociale). D’ailleurs, les
financeurs solidaires membres de notre association auraient plutôt tendance à estimer que
nous sommes encore en situation de pénurie.

Il n’empêche que les gérants d’épargne salariale solidaire se préoccupent de l’affectation
des capitaux qui affluent sur les plans d’épargne entreprise, dont on sait que, depuis le 1er
janvier de cette année, ils doivent inclure une offre solidaire généralement bien accueillie par
les salariés des entreprises. Ces gérants observent d’ailleurs qu’une poignée d’entreprises
solidaires recueille l’essentiel de leurs investissements. Sans pour autant que les besoins de
ces entreprises soient tout à fait satisfaits, preuve s’il en est que la demande existante est
vigoureuse.

Il faut y ajouter une demande potentielle dont tout laisse à penser qu’elle est susceptible
d’augmenter sensiblement au cours des prochaines années. D’abord, nous observons à
Finansol que nombre d’entrepreneurs ayant une activité à forte utilité sociale ne savent pas
qu’ils relèvent du statut d’entreprise solidaire. Le caractère récent de ce statut, 2001, en
est la cause. Une meilleure information sur ce statut ne peut qu’élargir le marché. Finansol
s’y emploiera.

Il apparaît ensuite que les jeunes, diplômés ou non, sont de plus en plus nombreux à vouloir
créer ou animer des activités porteuses de sens. Recenser, puis faire connaître ces entreprises,
notamment au public des épargnants, est l’un des objectifs des Grands Prix de la Finance
Solidaire Le Monde Argent - Finansol attribués pour la première fois en novembre 2010 en
partenariat avec France Active, la Fondation Crédit Coopératif et France Info. Nos conventions
d’affaires biannuelles ont quant à elles pour but de rapprocher la demande de l’offre de
capitaux. Il est tout à fait prévisible que leur fréquence s’accroîtra.

Nous n’en sommes qu’au début d’un processus qui suscite un intérêt croissant de par le
monde. Rien qu’au Royaume-Uni, il s’est créé en l’espace de cinq ans 4000 community
interest companies proches de nos entreprises solidaires. Commentaire d’un homme
de l’art, Sir Ronald Cohen, capital-risqueur comblé qui s’est reconverti dans le solidaire :
« L’investissement social suivra le même chemin que le capital risque et le private equity.
L’offre de capitaux crée sa propre demande. C’est par là qu’il faut commencer ». Promoteur
du fonds Bridges Ventures, Sir Ronald sait de quoi il parle.

François de Witt, Président de Finansol
(Avant propos du dernier Baromètre Professionnel de la Finance Solidaire 2010)

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