Sans-papiers . Toujours en rétention, le père du petit garçon explique pourquoi il ne veut pas rentrer en Angola. Éric Besson est contraint de « réexaminer le dossier ».
Au bout du fil, sa voix est claire et posée. « C’est pas très propre ici, mais ça va quand même. » Joao Abel Gabriel entame aujourd’hui son dixième jour au centre rétention de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Arrêté le 26 août dernier lors d’un banal contrôle d’identité, cet Angolais de quarante-quatre ans, en France depuis sept ans, est sous le coup d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière. Mardi, il sera présenté au consulat angolais. Si ce dernier délivre un laissez-passer à l’administration, Joao sera expulsable à tout moment. Pourtant, cet homme élève seul son petit garçon de cinq ans et demi, Chama Dieumerci, qui a dû faire seul, hier matin, sa rentrée scolaire en CP.
« Garder son papa ou aller à l’école »
Loin, bien loin, des chambres lugubres du centre de rétention de Bobigny, Éric Besson présentait hier à la presse le bilan de ses huit premiers mois de mandat. L’occasion pour l’Humanité de l’interroger sur le sort de Chama Dieumerci. S’il a dit « refuser de commenter un cas particulier », Éric Besson a tout de même déclaré qu’il avait demandé un « réexamen du dossier ». « Il ne suffit pas d’avoir un enfant né et scolarisé en France pour ne pas faire l’objet d’une reconduite à la frontière, a cependant précisé Éric Besson. L’école ne donne pas protection. » Et le ministre d’oser la métaphore : « Le jeu serait trop simple. »