Avant le 1ier tour, l’UDES a donné la parole à trois candidats (François Fillon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon) qui ont accepté de répondre aux questions sur quatre thèmes : le marché du travail, les moyens de développer l’économie sociale et solidaire en France, les politiques sociales et la place des employeurs de l’ESS dans la nouvelle mandature. Nous n’avons pas relayé les réponses, mais nous (Ressources Solidaires) passons la position d’Emmanuel Macron, candidat du 2ième tour.
Quelle est votre vision du marché du travail, entre le besoin de flexibilité des employeurs et
l’accompagnement des mobilités professionnelles des actifs ?
Notre projet est celui de la société du travail. Car c’est en travaillant que l’on peut vivre décemment, éduquer ses enfants, tisser des liens avec les autres. Nous ne croyons pas aux discours sur la « fin du travail », mais nous ne sommes pas naïfs pour autant : certains Français ne s’épanouissent pas dans leur travail, et nous devons leur permettre d’évoluer professionnellement.
La flexibilisation du marché du travail est l’un des leviers que nous avons identifiés pour relancer l’emploi : en permettant aux entreprises et aux branches de définir leurs besoins à leur niveau – tout en respectant un socle de droit minimum -, les ressources seront mieux utilisées, ce qui permettra de gagner en compétitivité et de créer des emplois.
Cette plus grande flexibilité doit s’accompagner de nouveaux droits et de protections. Nous proposons d’universaliser l’assurance chômage pour mieux protéger et renforcer le pouvoir de négociation de tous les actifs. Nous voulons aussi responsabiliser les entreprises : les employeurs qui entretiennent la précarité par un recours excessif aux contrats courts paieront plus, ceux qui créent des emplois stables et pérennes paieront moins.
Une plus grande mobilité passe aussi par une politique du logement adaptée. Outre le « choc d’offre » de logements que nous impulserons, nous créerons un « bail mobilité professionnelle » pour répondre aux besoins des actifs en mobilité temporaire.
Quelles propositions concrètes souhaitez-vous mettre en œuvre pour développer l’économie
sociale et solidaire en France, plus spécifiquement pour améliorer son financement ?
L’ESS incarne enfin un entrepreneuriat où l’humain prime sur le profit, où l’efficacité économique sert l’intérêt général. Nous la soutiendrons donc, à travers trois piliers :
Libérer l’énergie des entreprises de l’ESS, en veillant à ce qu’elles profitent des dispositifs de droit commun. La transformation du CICE et du CITS en allègement de charges sera une première concrétisation de cet objectif. Nous mobiliserons aussi la commande publique et en faciliterons l’accès à l’ESS dans une logique d’État exemplaire et responsable. Enfin, nous maintiendrons les avantages fiscaux du mécénat sur la durée du quinquennat.
Encourager l’innovation sociale, par exemple avec la création d’un Accélérateur National d’Innovation Sociale, axé sur les grands défis de notre société, finançant à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros par an des solutions innovantes.
Encourager la finance solidaire, en obligeant les assureurs à proposer au sein des contrats multi-supports au moins une unité de compte solidaire.
Quelle place accorderez-vous aux politiques sociales dans notre pays, eu égard notamment aux personnes en situation de précarité ou encore aux personnes fragiles (handicapées, personnes âgées, ...) ?
Les politiques sociales, en protégeant les personnes fragiles et en soutenant les personnes en transition, sont au coeur de la promesse républicaine et de notre programme.
En premier lieu, nous soutiendrons le pouvoir d’achat des plus modestes :
Nous réduirons la pauvreté des personnes âgées.
Nous porterons le minimum vieillesse pour une personne seule au-delà de 900€ par mois, contre environ 800€ aujourd’hui.
Nous réduirons la pauvreté des personnes en situation de handicap. L’allocation aux adultes handicapés (AAH), pour une personne seule sera portée au-delà de 900€ par mois, contre environ 800€ aujourd’hui.
Enfin, nous créerons un versement social unique et automatique pour lutter contre le non-recours aux aides sociales.
En second lieu, nous voulons aider les aidants, et en particulier favoriser les périodes de répit. Cela passera notamment par l’autorisation du don de RTT pour les aidants dans les entreprises, et par une meilleure formation et un accompagnement.
Nous souhaitons enfin nous appuyer sur les acteurs de l’ESS et stimuler l’emploi à domicile. Il s’agira d’abord de baisser le coût du travail, en transformant le CICE en baisses définitives de charges comme évoqué, mais aussi de supprimer toutes les charges sociales générales au niveau du SMIC. Nous maintiendrons aussi les aides fiscales et sociales, et simplifierons la mécanique pour en profiter, notamment en travaillant à les rendre plus contemporaines (la perception du crédit d’impôt, tel qu’il existe aujourd’hui, est différée d’une année).
Si vous êtes élu, comment comptez-vous associer les employeurs de l’ESS à la mise en œuvre de votre politique ?
L’ESS est un secteur en pleine mutation. Il est illusoire de considérer que l’État peut déterminer lui seul la politique à mener. Un dialogue permanent avec l’ensemble des acteurs de la filière est donc essentiel pour que l’action publique l’accompagne de la meilleure façon. C’est la démarche que nous privilégierons.