Loi d’adaptation de la société au vieillissement, loi de modernisation de notre système de santé, lois relatives au droit des étrangers et à la protection de l’enfant… l’actualité législative en cette fin de quinquennat a été particulièrement dense et laisse parfois un sentiment d’inachevé, avec un manque de cohérence et d’ambition, des textes d’application qui tardent à voir le jour, et des moyens insuffisants malgré les priorités affichées…
Comme chaque année à cette époque, l’Uniopss fait le point sur les aspects les plus saillants du paysage social. Et, une fois encore, la matière est abondante. Elle est traitée dans son intégralité dans la publication intitulée « Rentrée sociale : Enjeux politiques – budgets prévisionnels 2017 ».
En ouverture de cette conférence de presse, Patrick Doutreligne, président de l’Uniopss, a évoqué la conjoncture économique, soulignant que la légère reprise « reste encore peu perceptible pour les associations et les publics qu’elles accompagnent ». « Les finances des collectivités territoriales sont fragilisées, avec des conséquences importantes pour le secteur social, sanitaire et médico-social. » Le président de l’Uniopss a notamment cité le champ de la prévention, « sacrifié sur l’autel des restrictions budgétaires ». Il a pointé également le « creusement des inégalités », les derniers chiffres de l’Insee montrant que la réduction des inégalités observée en 2013 et 2013 ne s’était pas poursuivie en 2014. On compte ainsi 8,8 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Patrick Doutreligne a ensuite passé en revue l’actualité des différents champs de l’action sociale
Ainsi, sur le champ des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, il a exprimé son regret que les quelques avancées observées sur les territoires en matière de convergence des politiques de l’autonomie, ne se traduisent pas dans « les politiques nationales qui demeurent segmentées et cloisonnées ».
Dans un autre domaine, le plan de lutte contre la pauvreté affiche selon lui un bilan en demi-teinte, du fait notamment de l’absence de territorialisation de celui-ci.
Dans le secteur de l’enfance, de la famille et de la jeunesse, des premiers pas intéressants ont été réalisés en matière de gouvernance au niveau national mais il reste à « améliorer la coordination avec les cadres territoriaux ainsi qu’avec les autres secteurs ».
Le secteur associatif de solidarité demeure quant à lui fragilisé par la mise en place des CPOM obligatoires, l’augmentation des exigences administratives, les incertitudes sur la croissance et sur les finances publiques, sans oublier « une concurrence parfois déloyale sur le marché lucratif, mieux soutenu par les pouvoirs publics ».
Par ailleurs, sur la question des territoires, le président de l’Uniopss a pointé la difficulté de concilier la réforme territoriale « avec les enjeux de proximité souhaitée par nos concitoyens ».
Enfin, à la veille de la campagne présidentielle, il a précisé la manière dont l’Uniopss ferait entendre sa voix dans le débat public : il ne s’agira pas pour notre mouvement de dresser un catalogue de revendications mais bien de « proposer un véritable projet de société ». Une manière aussi de répondre au climat de défiance que connait notre pays et de se démarquer des discours sur le coût du social, sur l’assistanat, sur la sécurité…, qui ne manqueront pas d’émailler la campagne électorale.
Morgane Dor, conseillère technique Europe-Vie associative, a évoqué le projet de loi Egalité et Citoyenneté, qui sera examiné par le Sénat entre le 4 et le 6 octobre en procédure accélérée. Elle a présenté les nouvelles formes d’engagement contenues dans ce texte (la montée en charge du service civique, la mise en place d’une réserve citoyenne et la création d’un congé d’engagement bénévole pour les dirigeants associatifs). Elle a souligné l’importance que l’Uniopss accorde au développement d’une « société de l’engagement et de la solidarité, fondée notamment sur la diversité des formes d’engagement », qui ont toutes pour objectif de « contribuer à la création d’une société plus juste et inclusive ». Elle a pointé toutefois un paradoxe « entre une institutionnalisation de l’engagement par des dispositifs étatiques d’une part, et les moyens mis en place pour permettre la réalisation de ces engagements, d’autre part, et notamment une diminution constante des subventions à la vie associative ».
Jeanne Dietrich, conseillère technique Emploi-Logement, s’est intéressée quant à elle au volet « logement » de la loi Egalité et Citoyenneté. Elle a insisté sur l’ambiguïté du terme « mixité sociale » dans le texte : si l’Uniopss défend en effet une mixité sociale qui permet aux plus modestes d’accéder aux logements habituellement occupés par les personnes plus aisées qu’elles, elle désapprouve que la mixité sociale puisse être utilisée pour justifier le refus d’accueillir davantage de personnes modestes là où il y en a déjà beaucoup. Pour mémoire, on compte encore 1,8 million de personnes en attente d’un logement social locatif.
L’Uniopss, en lien avec le Collectif des Associations Unies, porte différents amendements au Sénat, notamment la réservation de logements sociaux pour les personnes malades chroniques et l’obligation pour les communes qui n’ont pas construit suffisamment de logements locatifs sociaux, de construire au moins 50 % de PLAI (logement locatif social accessible aux personnes ayant les revenus les plus modestes).