Souvent invoquée aujourd’hui à propos de la consommation, la responsabilité est envisagée comme un
comportement de sagesse par lequel une personne
prend en compte les conséquences de ses décisions,
non pas seulement pour elle-même, mais pour d’autres
personnes et plus généralement pour la société et le
monde qui l’environnent. Dans la mesure où la situation d’un petit producteur dans un pays du Sud est en
jeu, le consommateur est incité à effectuer un achat
« responsable » qui se concrétisera en termes de
justice ou d’équité. Le commerce équitable a donc
été dès son origine, un modèle exemplaire pour une
consommation responsable.
Dans un sens analogue, mais quelque peu élargi, la
responsabilité sociale des entreprises est désormais
un concept largement utilisé. Les activités d’une
entreprise ont en effet une incidence plus ou moins
importante, parfois décisive, sur ses relations
extérieures, fournisseurs et clients, concurrents et
alliés, sur le milieu dans lequel elle évolue : empreinte
carbone, déchets, pollution et nuisances diverses,
économie d’énergie et d’eau,... et sur ceux qu’elle
emploie, ses salariés et leurs familles. En ce domaine,
il faut rendre hommage aux entreprises du secteur
du commerce équitable. Elles ont été pionnières
en introduisant dans leur activité économique
non seulement le souci éminemment social des
producteurs mais aussi la préoccupation de
l’environnement et la protection de la nature et de la
biodiversité. Notre système Fairtrade / Max Havelaar
a été aussi précurseur en inscrivant ces éléments
de responsabilité sociale et environnementale
dans ses standards depuis de longues années. Le
gouvernement l’a bien compris en consultant Max
Havelaar France pour la préparation de la loi sur
l’Economie Sociale et Solidaire, et en intégrant le
commerce équitable dans son texte.
Cependant, nous devons être vigilants pour ne pas
laisser notre spécificité se fondre dans une vaste
réflexion autour de la « consommation responsable » et
de la « Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) »,
pas toujours définies de manière précise. Nous
devons sans cesse rappeler que notre association
Max Havelaar France est un acteur incontournable,
un praticien, de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS),
en mettant en avant notre statut associatif et notre
mission de solidarité internationale.
Car la responsabilité dont nous parlons trouve sa
source dans la solidarité.
C’est bien parce que nous comprenons que, dans
notre monde où la proximité s’étend maintenant
jusqu’aux antipodes, nous sommes membres d’une
même et unique famille humaine, parce que nous
vivons sur une même et unique terre, que nous avons
à ouvrir les yeux sur les injustices pour les réduire,
à vérifier que les droits proclamés universels sont
accessibles à tous, à comprendre que nous sommes
responsables des progrès à réaliser. Nous devons
résolument veiller à ce que, tout au long des filières
qui associent les producteurs, les intervenants de la
chaîne d’approvisionnement, les transformateurs,
les distributeurs, et finalement les consommateurs,
ce ferment de solidarité anime les décideurs et leurs
collaborateurs.
Et nous devons sans cesse, à frais nouveaux,
expliquer clairement comment le commerce, dans sa
forme équitable, peut devenir un instrument de justice
et de progrès humain, énoncer les règles de son
fonctionnement, mettre en valeur les garanties qu’il
offre, de sérieux, de fiabilité, d’efficacité.
Le commerce équitable n’a pas encore atteint ses
objectifs. Il n’a pas encore l’envergure qui lui permettrait
d’infléchir les règles du commerce international, mais
là où il a germé, il témoigne de ce qui est possible.
Il indique une voie de progrès pour que la détresse
et la faim cessent de frapper les petits producteurs
du Sud, ceux qui précisément contribuent à nourrir
le monde.
Martial Lesay, Président de Max Havelaar France
Marc Blanchard, Directeur Général de Max Havelaar France