La Mutualité Française attend du prochain président de la République des réponses à deux problématiques majeures : la réduction du reste à charge et l’organisation du système de santé, explique son président, Thierry Beaudet à L’Argus de l’assurance.
Le 6 mai 2017, la France connaîtra le nom de son nouveau chef de l’Etat. Les cinq prochaines années seront donc déterminantes pour beaucoup de secteurs, et en particulier pour celui de la protection sociale. Dans un entretien à L’Argus de l’assurance (pages 24 à 26), le président de la Mutualité Française, Thierry Beaudet, fait part des attentes du mouvement mutualiste.
Une des principales préoccupations est de savoir "comment le prochain exécutif entend maîtriser le reste à charge" des patients. Au global, celui-ci est passé en quelques années "de 12 milliards d’euros à près de 17 milliards, soit une hausse de 40% !", fait valoir Thierry Beaudet.
Les principaux postes de restes à charge sont les dépassements d’honoraires (2,8 milliards d’euros), les soins dentaires (6,8 milliards), l’optique (5,9 milliards) et l’audioprothèse (700 millions), indique le président de la Mutualité Française. "Sur les trois derniers postes, il y a longtemps que nous ne sommes plus des complémentaires mais le payeur principal", souligne-t-il. En 2015, poursuit-il, "les complémentaires ont financé 26 milliards de frais de soins, contre 15 milliards en 2001, soit 80% d’augmentation payés par les cotisations des assurés".
Aujourd’hui, certains candidats prônent un objectif zéro de restes à charge. Pour le président de la Mutualité Française, ce dernier ne pourra être atteint que "par l’addition des régimes obligatoires et complémentaire, ce qui exige de nous donner des moyens nouveaux afin de s’accorder avec les professionnels sur le tarif des actes et agir sur le niveau des dépenses". Et d’ajouter, "on ne peut pas faire croire aux Français qu’il sera possible de toujours payer plus".
Autre préoccupation majeure : l’organisation du système de santé. Le président de la Mutualité Française attend du nouvel exécutif des propositions face "aux déserts médicaux, au non-remplacement des médecins qui partent à la retraite, aux délais d’attente chez les spécialistes".
En matière de taxes, lesquelles sont passées de "2,5% à 13,27% entre 2008 et 2012", rappelle Thierry Beaudet, la Mutualité appelle à l’instauration d’un "nouveau cadre qui verrait une modulation des taxes liée à des pratiques solidaires". "A minima, nous demandons une pause d’autant plus qu’il y a confusion entre régulation et réglementation. Nous sommes favorables à un cadre de régulation qui fixe des règles, mais laisse aux acteurs une liberté d’action et d’initiative. Ce n’est pas la situation actuelle. On a une réglementation tatillonne du panier de soins. C’est insupportable."
Une fois les élections passées, législatives comprises, la Mutualité Française compte encore peser sur l’opinion politique, via son site Internet Place de la Santé qui décrypte les programmes santé et protection sociale des candidats, et ouvre le débat sur ces questions.
A ce jour, il a enregistré "plus de 300.000 visites en quatre mois, avec plus de 400 interpellations et quelque 120 tribunes", note Thierry Beaudet. Après la séquence électorale, ce site "pourrait évoluer sous la forme d’un think tank permanent, annonce Thierry Beaudet, voire d’un observatoire". "Je souhaite vraiment que le mouvement mutualiste soit à l’initiative du débat sur ces questions."