Alors que le monde fait face à une crise sans précédent, Claude Alphandéry, président d’honneur, fondateur de France Active, économiste mais aussi résistant de la première heure, fait le lien entre ces deux périodes séparées de 80 ans et les stigmates qu’elles ont laissés dans la société. Il revient sur les enjeux qui ont présidé à la naissance de l’économie sociale et solidaire et les défi s qui l’attendent pour relancer l’économie de notre pays. Son regard acéré n’a pas pris une ride.
80 ans séparent les combats de la 2ème guerre mondiale de ceux d’aujourd’hui contre le coronavirus et les efforts d’hier pour unifier la résistance de ceux d’aujourd’hui pour relancer l’économie. Quel lien faites−vous entre ces deux périodes qui n’ont à priori rien en commun ?
Claude Alphandéry : Tout les sépare en effet : la terreur, l’ampleur du sacrifice humain, les privations… Mais ce sont deux périodes où il a fallu faire front ensemble, s’unir pour gagner la guerre.
En 1941-42, la résistance était faible et dispersée. Un an après tout avait changé, les maquis s’étaient rassemblés au sein d’un seul Comité de la Libération. Parce qu’au-delà de la volonté politique, il y a eu des projets communs. Lorsque les Allemands ont imposé le Service du Travail Obligatoire (STO), beaucoup de Français se sont cachés dans nos maquis. Il a fallu les ravitailler, les protéger, les intégrer. Ce projet commun a contribué à unifier et à renforcer la résistance.
Aujourd’hui, pour sortir de la crise sanitaire et pour relancer le pays, les projets épatants se multiplient mais n’arrivent pas vraiment à s’unir dans un combat commun. L’autre parallèle entre ces deux périodes ce sont les stigmates qu’elles ont laissés dans la société, notamment parce qu’elles ont bousculé nos repères.